« Vous êtes un vieil ami »: c’est le compliment adressé mardi par le président chinois Xi Jinping à son homologue zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, en visite en Chine, pays qui avait offert un soutien indéfectible à son prédécesseur, Robert Mugabe.
Mnangagwa, 75 ans, qui avait suivi une formation militaire en Chine dans les années 1960 à l’époque où il était un jeune combattant indépendantiste, a été accueilli sous les ors du monumental Palais du peuple à Pékin.
Arrivé lundi, il restera jusqu’à vendredi. Il s’agit de sa première visite d’Etat hors d’Afrique depuis son investiture le 24 novembre.
Aide alimentaire d’urgence
Les présidents chinois et zimbabwéen ont assisté mardi à la signature de six documents, dont un sur la coopération économique et le développement, et un autre sur la fourniture d’aide alimentaire d’urgence.
Le Zimbabwe, en grande difficulté économique, recherche l’appui du régime communiste, son allié historique depuis sa lutte pour l’indépendance (1980). « Vous êtes un vieil ami de la Chine et j’apprécie vos efforts pour développer les relations dans tous les domaines », a déclaré M. Xi à son homologue zimbabwéen.
Victime des ambitions politiques de l’ex-première dame zimbabwéenne, Grace Mugabe, M. Mnangagwa avait été démis de ses fonctions de vice-Président début novembre 2017. En réaction, l’armée zimbabwéenne était intervenue pour pousser vers la sortie Robert Mugabe, au pouvoir pendant 37 ans.
Rôle chinois dans le renversement de Mugabe?
L’ex-chef des armées du Zimbabwe, Constantino Chiwenga, avait effectué une visite à Pékin quelques jours avant cette intervention militaire. Une présence qui avait soulevé des interrogations quant à un éventuel rôle joué par la Chine.
Chiwenga a été nommé vice-président en décembre. Pékin a démenti tout rôle dans la transition politique du pays africain.
La Chine a longtemps été l’une des plus ferventes alliées de M. Mugabe sur la scène internationale et un partenaire commercial majeur du Zimbabwe. Mais elle n’a pas pris position lorsque l’armée avait placé l’ex-président en résidence surveillée mi-novembre. « Le Zimbabwe a mené en novembre de façon pacifique et en douceur une passation de pouvoirs qui a été largement reconnue par la communauté internationale », a déclaré mardi M. Xi. « Je suis disposé à travailler avec Monsieur le président (Mnangagwa) afin de planifier notre future coopération et d’écrire un nouveau chapitre des relations sino-zimbabwéennes ».
Attirer des investissements chinois
Avant sa visite, M. Mnangagwa avait indiqué à l’agence Chine nouvelle que sa venue avait pour but de « dire merci au président mais aussi au peuple chinois, pour avoir pris position et soutenu le Zimbabwe pendant les durs moments où l’Occident nous imposait des sanctions ». Le pays africain a longtemps été la cible de sanctions économiques en raison des atteintes aux droits de l’Homme reprochées à l’ancien gouvernement.
Mnangagwa avait également déclaré vouloir attirer les investisseurs chinois dans son pays afin « de faire un bond en avant après 18 ans d’isolement ».
Le président zimbabwéen a par ailleurs fait un clin d’oeil mardi à la nouvelle philosophie politique de son hôte, « la Pensée Xi Jinping sur l’économie socialiste à la chinoise de la nouvelle ère », récemment inscrite dans la Constitution. « Je vais ramener ce slogan au Zimbabwe et j’espère y développer un peu de socialisme à la zimbabwéenne », a-t-il déclaré.
Avec AFP