Le Zimbabwe vit des heures difficiles. Dans une déclaration à la presse, John Mangudya, gouverneur de la Banque centrale du Zimbabwe a annoncé, en filigrane, une dévaluation de la nouvelle monnaie locale, le dollar RTGS. Confronté à une pénurie de dollars, le Zimbabwe peine à s’approvisionner en produits de première nécessité comme le carburant, les médicaments et la nourriture. Un frein supplémentaire pour le pays qui tarde à se relever du règne l’ancien président Robert Mugabe, déchu par un coup d’État en 2017.
La Banque centrale a d’ailleurs annulé, le mois dernier, son ancrage à une valeur fixe au dollar pour les obligations de substitution et au dollar électronique. Elle a fusionné le tout dans une devise de transition de valeur inférieure appelée le dollar RTGS. La valeur de cette monnaie a été fixée à un taux de change de 2,5 RTGS le dollar américain. Face à l’imminence d’une nouvelle dévaluation de la monnaie locale, la plupart des particuliers vendent leur billet vert au marché noir, où 1 dollar américain s’échange actuellement à 3,8 dollars RTGS, alors que les entreprises préfèrent conserver leurs dollars en attendant que le taux du RTGS s’affaiblisse davantage.
Réglementation de l’accès aux devises
La Banque centrale zimbabwéenne table ainsi sur une évolution du taux de change officiel à la suite de l’ouverture aux enchères de la production de tabac, qui constitue la deuxième source de devise pour le pays après le secteur minier. Pour une meilleure régulation de l’accès aux devises, le gouvernement fixe des règles stipulant que les exportateurs de produits pourvoyeurs de devises comme les miniers et les producteurs de tabac, perçoivent 50% de leurs revenus en devises locales (RTGS) au taux de change officiel, et l’autre tranche est déposée dans leur compte en devises et doit être vendue dans un délai de 30 jours. Une méthode critiquée qui devrait être révisée prochainement, selon le directeur de la Banque centrale.
Selon Mangudya, une forte dévaluation de la monnaie et une augmentation des salaires des fonctionnaires est à exclure, car elles seraient à l’origine d’une hausse supplémentaire de l’inflation. Le pays, qui a déclaré la semaine dernière que sa Banque centrale a emprunté 985 millions de dollars auprès de banques panafricaines, s’attend à une baisse de l’inflation à un niveau compris entre 10% à 15%, d’ici fin 2019.
avec : afrique.latribune