L’armée zimbabwéenne semble avoir réussi son pari et à décrocher le départ de Robert Mugabe de la présidence du pays. Ce dernier devrait quitter le pays dès ce soir, alors qu’Emmerson Mnangagwa devra prêter serment dès le 17 novembre. L’armée aurait offert l’immunité à Robert Mugabe, alors que son épouse serait actuellement en Namibie.
Après un long règne, le président Robert Mugabe aurait cédé le pouvoir à Emmerson Mnangagwa, selon le compte twitter de la présidence zimbabwéenne. Ce dernier aurait reçu des proposition d’asiles de la Namibie, d’Angola et d’Afrique du Sud. Le même compte indique que la première dame Grace Mugabe serait actuellement en Namibie et que la prestation de serment de Mnangagwa est prévue pour le 17 novembre.
Un flou de 48h
Le président déchu quitterait le Zimbabwe ce soir, alors que l’armée lui aurait garanti l’immunité, sans pour autant donner de précisions pour son entourage. Près de 30 ans de pouvoir semble ainsi s’achever dans un « putsch » déguisé en transition assistée. Des élections ont été annoncées pour 2018 ainsi que la nomination prochaine d’un nouveau gouvernement qui comptera un Premier ministre.
La situation semblait s’enliser au Zimbabwe 48 heures après la « saisie » du pouvoir par l’armée. Confiné dans sa résidence, le président Robert Mugabe s’était opposé dans un premier temps à la proposition de médiation d’un prêtre catholique pour faciliter un retrait de ce dernier de la tête de l’Etat. Selon Reuters, le prêtre Fidelis Mukonori a été chargé par l’état-major de servir de courroie de transmission entre eux et le président.
Cette tentative de dialogue est perçue comme une manœuvre des généraux visant à assurer une transition en douceur et sans effusion de sang. L’objectif pour les frondeurs est de décrocher une démission de Robert Mugabe au pouvoir depuis l’indépendance du pays et qui contrairement à son épouse reste assez populaire au Zimbabwe.
Triomphe de la faction Lacoste ?
Pour l’heure, le clan des Lacoste (référence au Crocodile, nom de guerre d’Emmerson Mnangagwa), semble en position de force, alors que les G40 proches de Grace Mugabe se font discrets. La police et les services de renseignements réputés proches de cette faction maintiennent un profil bas, alors que des soldats et véhicules blindés ont investis leurs quartiers généraux, dès les premières heures de « contre-purge ».
La faction Lacoste compte selon des rapports des services de renseignements consultés par Reuters, suivre un plan de transition passé entre l’ex-vice-président, Emmerson Mnangagwa et l’opposition zimbabwéenne. Le pari de ce plan est de pousser Mugabe à céder sa place à la tête du Zanu-PF, le parti au pouvoir à l’ex-vice-président. Ce dernier devrait organiser par la suite des élections anticipées que la faction Lacoste compte remporter, ce plan aurait pour nom de code, « transition assistée par l’armée ».
Il n’empêche que le succès de cette stratégie reposait entièrement sur la démission où le départ « volontaire » de Robert Mugabe qui a reçu le soutien de son puissant allié, le sud-africain, Jacob Zuma. Tout le défi pour les militaires est d’éviter d’être taxés de putschistes et ainsi désamorcer toute réaction populaire, tout est fait pour garder un semblant de normalité, aucun couvre-feu n’a été imposé, le parlement n’a pas été suspendu, le gouvernement maintenu, malgré l’arrestation de certains de ses membres et les bâtiments officiels sont « gardés » par l’armée et non occupés.
Le maintien d’un semblant de légalité par les militaires vise à éviter une condamnation voire une mise au ban du Zimbabwe par la Communauté de développement d’Afrique australe, alors que la « transition assistée » repose sur une coopération régionale pour redémarrer l’économie du pays.
Avec latribuneafrique