Magistrat hors hiérarchie
Avocat général au Parquet Général, près la Cour Suprême de Côte d’Ivoire
Présidente de l’Association des Femmes Juristes.
L’AFJCI est la promotion et la défense des droits de la femme et de l’enfant à l’origine
Bonjour, présentez-vous à la population ivoirienne.
Je me nomme ZEBEYOUX AIMEE, je suis Magistrat hors hiérarchie, Avocat Général au Parquet Général près la Cour Suprême de Côte d’Ivoire. Depuis Juillet 2013, j’occupe également les fonctions de présidente de l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire.
Parlez-nous succinctement de cette association.
L’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire en abrégé AFJCI a été créée en 1984 par des femmes juristes composées de Notaires, d’Administrateurs, d’Avocates, et des Juristes d’entreprises.
L’idée de sa création est née du constat de l’inégalité dans les textes de loi, notamment du droit de la famille portant sur le mariage.
Les pionnières dont Madame Marie Christine BOCOUM qui, à l’époque, occupait les fonctions de Directeur de cabinet du Ministre de la Promotion de la Femme, ont impulsé le combat pour la valorisation des droits de la femme et l’égalité des sexes en Côte d’Ivoire.
Après avoir assisté à un congrès international des femmes de carrière juridique, les femmes juristes ivoiriennes ont décidé de conjuguer leurs efforts pour créer l’AFJCI.
L’objectif principal de l’AFJCI est la promotion et la défense des droits de la femme et de l’enfant à l’origine. Mais aujourd’hui, elle intervient dans tous les domaines juridiques touchant aux droits humains en général.
Quelles sont concrètement les actions de l’AFJCI ?
Les actions que nous menons sont entre autres :
– La promotion du droit par la sensibilisation et la vulgarisation à travers des ateliers, des conférences, des interventions dans les médias, des consultations juridiques, des publications, des campagnes de sensibilisations de masse et de proximité…
– Nous répondons à toutes les sollicitations pour apporter notre expertise de juristes à des structures étatiques, internationales, des ONG nationales, des associations, des mutuelles, des entreprises…
– grâce à la clinique juridique située au sein de son siège au Plateau, nous recevons des personnes qui souhaitent une assistance juridique. Nous les écoutons et les orientons vers les juridictions à même de résoudre leur préoccupation.
– Notons que cette clinique a été créée en 1999 avec l’aide de l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire. ses services sont quasiment gratuits.
– La clinique juridique mobile, un camion, offert par la Coopération Allemande (GIZ) nous permet de sillonner les contrées les plus reculées du pays pour faciliter l’accès à la justice de nos concitoyens et offrir gratuitement une justice de proximité à tous.
A ce jour, nous gérons 6 autres cliniques juridiques à Korhogo, Bouaké, Man, San-Pedro, Guiglo et Bondoukou. Elles ont vu le jour en février 2013 grâce au cofinancement de l’Union Européenne, l’ONUCI, l’UNICEF et le PNUD.
Ces cliniques, en plus de fournir une assistance juridique gratuite, l’éducation juridique des populations, la formation de relais communautaires, l’établissement de jugements supplétifs…, fournissent aussi l’assistance judiciaire gratuite aux personnes démunies. Pour cela, des avocats dont certains sont membres de l’AFJCI se déplacent régulièrement vers les localités couvertes par le projet pour offrir leur service.
– Le projet de restauration des droits des femmes, victimes de violences sexuelles pendant la crise post-électorale (PRDF), financé par l’Union Européenne et ONUFEMMES, dont les volets juridique et judiciaire ont été exécutés par l’AFJCI qui a assisté 70 femmes victimes à ABOBO, Yopougon et l’ouest du pays (Duékoué, Man, Danané et Toulépleu).
– Un projet financé par l’Ambassade du Canada dénommé « Tous engagés contre les violences sexuelles en Côte d’Ivoire » a été exécuté entre Décembre 2013 et février 2014.
– Le projet OSIWA pour le renforcement des cliniques juridiques d’Abobo et Plateau.
Comment l’AFJCI peut-elle se mettre au service des femmes en Côte d’Ivoire ?
Nous essayons de nous mettre au service des femmes en faisant en sorte que leurs droits soient protégés, que le principe d’égalité soit établi et appliqué au niveau de notre corpus juridique.
Nos portes leur sont ouvertes pour répondre à toutes leurs sollicitations d’ordre juridique, puisque toutes les qualifications juridiques requises se retrouvent au sein de l’Association.
Aux usagers de nos cliniques juridiques fixes ou mobiles, nous nous attelons à expliquer gratuitement leurs droits et les orientons afin que justice leur soit rendue en cas de non respect desdits droits.
Quelles sont les raisons d’adhérer à l’AFJCI ?
– L’Association est basée sur l’altruisme et l’humanisme, son principe étant le bénévolat.
– Je pense que chacun doit cultiver le don de soi, le partage de son savoir, de son temps et de ses moyens afin d’être utile à la Société.
– En d’autre terme, il faut aimer son prochain et c’est ce que nous essayons de faire à l’AFJCI.
– Une autre raison est que la défense des droits n’est pas limitée seulement aux femmes et aux enfants, mais à la famille toute entière, d’où son importance.
Quelle est votre vision sur les compétences féminines en Côte d’Ivoire ?
Les compétences féminines existent en qualité et en quantité, mais je constate que les femmes n’occupent pas les postes qui leur sont dus.
Le concept genre n’est pas appliqué parce qu’elles sont pratiquement absentes dans les sphères de décision en Côte d’Ivoire.
Parlez-nous de votre parcours. Et qu’est-ce qui vous a motivé ?
Mon parcours : j’ai été respectivement, Bénévole à l’AFJCI, membre, présidente de commission, trésorière générale, 2e vice présidente et présidente. J’ai adhéré à l’Association depuis 1992
Mes motivations : le goût du partage de son savoir, l’envie de sortir de l’habitude imposée par le travail, la satisfaction d’aider les autres et surtout les femmes et les enfants qui représentent la frange la plus fragile et la plus vulnérable de la population.
Quelles sont les innovations que vous proposez aux femmes ?
– Permettre aux usagers les plus démunis de disposer gratuitement, selon nos possibilités financières, d’un avocat, d’un huissier, d’un notaire, etc.
– la création de la clinique juridique mobile,
– l’extension des cliniques fixes à l’intérieur du pays.
Qu’est-ce qui fait la particularité de votre association ?
– La particularité de l’AFJCI est que, bien qu’étant une association féminine, elle regroupe toutes les compétences juridiques (Magistrats, Juges, Avocats, Notaires, Huissiers, …)
– Nous appliquons la démocratie puisque je suis la 7e présidente.
Un message à adresser à vos usagers, vos partenaires et à la population ivoirienne ?
A nos partenaires, nous disons merci de nous soutenir dans la réalisation de nos projets et les exhortons à continuer l’aventure avec nous.
A la population, nous disons que nos portes sont ouvertes à toutes et à tous. Chacun trouvera une oreille attentive et un guide juridique au sein de nos différentes cliniques juridiques tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays.
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