La Côte d’Ivoire, notamment sa capitale politique Yamoussoukro, est au centre de l’actualité internationale du café toute cette semaine : pour la première fois, le Conseil de l’Organisation internationale du café(OIC) y tient sa session, sa 120ème, Elle est présidée par Aly Touré, représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des organisations internationales de produits de base, basé à Londres, et vice-président du Conseil. Rappelons qu’à la fin des années 50, la Côte d’Ivoire était troisième exportateur mondial de café après le Brésil et la Colombie et n°1 mondial du Robusta.
L’occasion pour Jose Sette, directeur exécutif de l’OIC, de tirer la sonnette d’alarme : les caféiculteurs gagnent si mal leur vie que nombre d’entre eux risquent d’abandonner cette culture pour se tourner vers d’autres, plus rémunératrices. On risque, à terme, de manquer de café et ce d’autant plus que la consommation ne cesse de croître.
Une réalité déjà palpable. Le mois dernier, Rabobank a estimé à 6,1 millions de sacs de 60 kilos (Ms) le déficit mondial sur la campagne 2017/18 : la production mondiale baisserait à 154,4 Ms contre 156,3 Ms en 2016/17 alors que la demande atteindrait 160,4 Ms, en hausse de 2,5%, la consommation dans les pays producteurs augmentant au même rythme maintenant que celle des pays consommateurs. Le Brésil, premier producteur et exportateur mondial de café, mais aussi n°2 des consommateurs mondiaux derrière les Etats-Unis, a vu ses stocks fondre comme neige au soleil. En mars, l’agence d’approvisionnement alimentaire brésilienne, Conab, avait annoncé que les stocks nationaux détenus par les opérateurs privés s’étaient contractés de 27% par rapport à mars 2016, à 9,86 Ms. Et la baisse devrait se poursuivre puisque, selon els estimations du Département américain de l’agriculture (USDA) publiées en juin, les stocks brésiliens de fin de campagne 2017/18 tomberaient à 3,9 Ms.
La durabilité économique aussi importante que l’environnementale
La situation est, par conséquent, très étroite sur le marché mondial et devrait le demeurer, a mis en garde, à Yamoussoukro, le patron de l’ICO. “Si les fermiers ne sont pas bien rémunérés et encouragés à planter des caféiers, alors à un moment nous pourrons avoir des difficultés à obtenir les volumes de café dont on a besoin, car la demande augmente régulièrement“, a-t-il souligné. En outre, les caféiers exigent un investissement à long terme, a-t-il rappelé, “donc les fermiers doivent être convaincus que cela vaut le coup“.
“Souvent, surtout dans les pays consommateurs, on met beaucoup l’accent sur la durabilité environnementale… mais il n’y a pas l’accent équivalent sur la durabilité économique.”
Et Jose Sette d’en appeler aux gouvernements à investir dans la recherche et à soutenir leurs producteurs, rappelant que les coupes dans les dépenses agricoles avaient été trop loin pendant la décennie 90 lorsque les pays occidentaux et les bailleurs ont imposé les plans d’ajustement structurel.
Il a également rappelé le défi du changement climatique, surtout pour les Arabica Doux, plus sensibles à la météo que les Robusta. Rappelons qu’en début d’année, certaines régions productrices du Brésil ont été fortement touchées par la sécheresse, conduisant les experts à réduire leurs estimations de récolte qui devait être record en 2018.
Un discours qui, a priori, ne devrait guère inciter les Ivoiriens à se tourner vers la caféiculture alors qu’ils connaissent déjà les difficultés liées à la baisse des cours mondiaux du cacao.
Avec commodafrica