Dix ans après, l’histoire a tranché. La plus grande crise financière du XXIe siècle – à ce stade – a débuté le 9 août 2007, le jour où BNP Paribas a gelé les retraits de ses clients dans trois de ses fonds monétaires. Petite cause, gros effet. Cette décision de la première banque française a été perçue comme la preuve de la gravité du marasme touchant le marché du crédit immobilier aux Etats-Unis.
Cet été-là, pourtant, nul n’imagine encore que le monde est à l’orée d’une crise financière aussi dévastatrice que celle ayant entraîné la Grande Dépression de 1929 dont les cohortes de miséreux ont hanté des générations d’écoliers. Pour en arriver là, il faudra que l’administration américaine laisse la banque Lehman Brothers faire faillite le 15 septembre 2008. Entre ces deux repères majeurs de la crise, treize mois durant, l’économie mondiale va pédaler dans le vide, tel le loup de Tex Avery, sans réaliser que sa chute sera vertigineuse.
A corps perdu dans la spéculation immobilière
En réalité, les Etats-Unis ont perdu pied dès le milieu des années 2000. Dans la liste de vingt-cinq personnes à blâmer pour la crise financière, publiée par le magazine Times en 2009, figurent de nombreux banquiers mais aussi Bill Clinton, qui a desserré l’étau réglementaire afin de favoriser l’accès à la propriété des ménages les moins aisés. Ces derniers se sont alors lancés à corps perdu dans la spéculation immobilière encouragés à la fois par la politique de taux bas du gouverneur de la Réserve fédérale (Fed) Alan Greenspan (autre nominé du Times) et par des courtiers payés au volume de crédit.
Si l’emprunteur ne paie pas ses mensualités, tant pis pour lui et pour ces investisseurs lointains.
Compte tenu de la particularité du circuit financier américain, ceux qui démarchent les emprunteurs se moquent de savoir si ces clients rembourseront ou non leur prêt. A peine souscrit le crédit est titrisé, c’est-à-dire aggloméré avec…
Avec lemonde