Un réseau fournit internet à bord des avions même sur les vols courts, avec des coûts d’installation réduits grâce à l’utilisation d’une infrastructure européenne 4G dédiée. IAG (BA, Iberia, Vueling, Aer Lingus) sera le premier groupe de compagnies aériennes à l’utiliser courant 2018.
L’accès internet par wi-fi dans l’avion est encore peu répandu en Europe chez les compagnies aériennesmais une initiative européenne pourrait changer la donne. Le réseau EAN (European aviation network) a été conçu pour accélérer le déploiement de ce service de connexion haut débit auprès des passagers, selon le consortium éponyme dirigé par l’opérateur allemand Deutsche Telekom et Inmarsat (satellite). Nokia et le français Thales sont leurs partenaires industriels et technologiques.
Opérationnel, EAN fonctionne à la fois avec un satellite, lancé durant l’été 2017, et un réseau dédié de 300 antennes radio 4G au sol dans 30 pays européens, distinct des infrastructures d’opérateurs mobiles. Dans l’avion, le système EAN choisira automatiquement le satellite ou le réseau terrestre 4G avec des liaisons air-sol utilisant des fréquences dédiées (2/4 GHz), une première mondiale selon le consortium.
Hybride techniquement, il ne repose donc pas uniquement sur le satellite dont dépendent les (rares) services payants de connexion wi-fi proposés par certaines compagnies européennes (telles Lufthansa et ses filiales Austrian et Eurowings) à des prix souvent élevés (une dizaine d’euros et plus) dès qu’il s’agit de consulter de la vidéo, gourmande en débit.
La partie terrestre du réseau destiné aux avions survolant le ciel européen repose sur un maillage d’antennes-relais surpuissantes capables chacune d’émettre au sol sur un rayon d’action de 150 km. Certaines ont même été déployées en haute montagne comme en Suisse où la plus haute antenne du réseau culmine à 2600 mètres d’altitude! Ces antennes réalisent de vraies prouesses techniques en communiquant directement avec les avions volant à plus de 10.000 mètres d’altitude et à des vitesses atteignant 1200 km/heure.
Selon le consortium, cette technologie a l’avantage de ne requérir qu’une petite antenne externe facile à installer sous la carlingue des avions, ce qui pourrait séduire les compagnies à bas coûts et les vols court-courriers qui survolent l’Europe.
“Les compagnies aériennes pourront installer l’équipement d’EAN, pendant les pauses nocturnes pour un seul avion et ne mettront que quelques mois à équiper des flottes entières” renchérit-on chez le consortium européen. Autrement dit, ces coûts d’installation et de fonctionnement réduits, pourraient permettre de proposer des services wi-fi aux passagers moins onéreux.
British Airways (BA) s’est déjà laissée séduire par le système. La compagnie britannique “est en train d’équiper ses avions actuellement” avec le système EAN, et les premiers passagers devraient pouvoir se connecter “quelque part au premier semestre 2018”, a déclaré Frederik van Essen, un dirigeant d’Inmarsat Aviation. Les autres compagnies aériennes concernées par ce déploiement à venir sont les espagnoles Iberia et Vueling (spécialiste du low cost) et l’irlandaise Aer Lingus, appartenant aussi, avec BA, au groupe IAG.
L’irruption de ce réseau dans le ciel européen dérange certains acteurs en place. Le sujet est sensible en Europe car nombre de compagnies aériennes veulent équiper en wi-fi leur flotte d’avions. L’opérateur de satellites américain Viasat, soutenu par l’européen Eutelsat et Panasonic, a déposé en 2017 un recours devant la Cour européenne de justice pour s’opposer à EAN.
L’opérateur américain estime que la Commission européenne n’aurait pas dû accorder son feu vert au consortium pour monter son réseau, les fréquences radio qu’il utilise n’étant pas prévues à l’origine pour ce type d’usage. Ce recours ne retardera “en aucune manière” la mise en service du système, a affirmé le dirigeant d’Inmarsat Aviation.
Avec bfm