Une progression de carrière difficile : plus d’un employé sur deux ne voit pas de perspectives d’évolution au sein de son entreprise
Les employeurs n’offrent pas assez de possibilités de progression – en particulier aux femmes / Fidélité élevée des employés suisses – moins d’un sur cinq recherche un nouvel emploi / Sentiment fort de bénéficier de la sécurité de l’emploi dans le secteur pharmaceutique, des biotechnologies et des sciences de la vie – Sentiment de sécurité le plus bas dans le secteur immobilier / Propension à la mobilité davantage marquée chez les employés âgés de 21 à 30 ans
Plus d’un employé sur deux a la sensation d’avoir atteint le dernier niveau de progression possible au sein de l’entreprise qui l’emploie. En effet, 53% des employés déclarent ne voir aucune possibilité d’évolution, or ils sont 40% à souhaiter pouvoir accéder à un poste supérieur. Les femmes rencontrent davantage d’obstacles à leur élévation hiérarchique. Elles sont 44% seulement à indiquer avoir des perspectives de progression, contre 48% chez les hommes.
En dépit du manque de perspectives, les employés manifestent une grande fidélité vis-à-vis de leur employeur. Quatre employés sur cinq (81%) déclarent être attachés ou très attachés personnellement à leur employeur. Seuls 4% d’entre eux ne ressentent aucun attachement pour leur employeur.
La fidélité des employés se délite toutefois face aux offres de rémunération supérieure proposées par un nouvel employeur potentiel. Cet argument pourrait motiver 36% des employés à changer d’entreprise. 27% seraient prêts à envisager de changer d’emploi pour un poste offrant des tâches plus intéressantes et 23% pour de meilleures possibilités d’évolution. 20% pourraient changer d’entreprise pour un emploi offrant davantage de sécurité et 13% pour une meilleure culture d’entreprise.
En réalité, les employés suisses privilégient la sécurité avant tout. Ils sont à peine un sur cinq (18%) à rechercher actuellement un nouvel employeur. Moins d’un employé sur six (15%) se voit dans une autre entreprise dans les cinq prochaines années. Pour le moment, contrairement à l’accumulation d’annonces négatives, aucune forte pression à changer d’emploi ne semble peser sur les employés. Près de neuf sur dix (88%) considèrent en effet avoir un emploi sûr et 42% le jugent même très sûr. 12% seulement des salariés craignent pour leur emploi.
Ces chiffres sont les résultats de l’« Etude sur l’emploi 2016 » réalisée en février par la société d’audit et de conseil EY (Ernst & Young SA) auprès d’un panel de plus de 1000 employés en Suisse.
« En Suisse, la situation de l’emploi et la conjoncture ne favorisent pas l’accélération des changements d’emploi. Les employés privilégient la sécurité et évitent de prendre les risques inhérents à un changement d’emploi : cette attitude intègre également une composante d’attente », commente Barbara Aeschlimann, responsable du personnel chez EY Suisse. L’attachement profond des collaborateurs pour leur employeur a deux facettes : il est certainement bon signe pour les employeurs et de grande valeur car les collaborateurs attachés à leur entreprise ont davantage envie de travailler que ceux qui ne ressentent aucun attachement pour leur employeur. Il offre en outre aux entreprises une certaine sécurité pour leur planification. « Cet aspect mis à part, la place économique suisse verrait sans doute de nouvelles opportunités se présenter si le marché du travail était plus dynamique », ajoute Mme Aeschlimann. « Une économie dynamique a besoin de mobilité sur le marché du travail et de collaborateurs ambitieux, ouverts au changement, ainsi que d’entreprises qui offrent davantage de possibilités d’évolution aux employés. Pour cela, il faut également que la carrière, l’ascension professionnelle et la compétition qui va de pair soient davantage valorisées et mieux acceptées socialement. »
Taux de fidélité similairechez les hommes et les femmes
Hommes ou femmes, le taux de fidélité moyen des employés est pratiquement identique : 27% des femmes se sentent très liées à leur employeur, les hommes sont 26% à en dire autant. Cet état d’esprit se reflète dans les chiffres des employés en recherche d’emploi, puisque 19% des femmes et 18% des hommes salariés recherchent un nouvel employeur.
Comme le montre l’étude, les hommes ont plus souvent la volonté et la possibilité de faire progresser leur carrière. Les hommes sont bien plus nombreux que les femmes à voir des possibilités d’évolution s’ouvrir à eux. Parmi les personnes qui estiment que toute promotion est exclue au sein de leur entreprise, les hommes (43%) sont également plus nombreux que les femmes (38%) à souhaiter une telle possibilité.
« Bien que de nombreuses entreprises redoublent d’efforts pour permettre aux femmes de faire carrière, il reste encore beaucoup à faire car les mêmes opportunités de progression ne se présentent pas aux femmes et aux hommes », constate Mme Aeschlimann. « Il faut continuer à promouvoir les jeunes diplômées et à leur montrer clairement leurs perspectives. Cette démarche a de multiples implications comme le développement d’une culture ouverte au sein de l’entreprise où la diversité soit une réalité et où la différence soit considérée comme une chance. »
Les associations offrent les meilleures opportunités de carrière
Les personnes interrogées estiment que les associations offrent de meilleures opportunités de carrière. Dans les associations, près de la moitié des employés (49%) pensent pouvoir évoluer. La proportion est moindre parmi les employés des secteurs privé et public (46% chacun). En revanche, parmi les employés des associations, l’attachement à l’employeur est plus faible que dans l’économie privée (respectivement 25% et 30%). C’est dans le secteur public que l’attachement est le moins marqué (22%). Pourtant, rares sont les employés à y voir une motivation pour changer d’emploi. Dans le service public (20%) comme dans les associations (15%) et dans le secteur privé (18%), les personnes à la recherche d’un nouvel employeur sont rares.
Attachement important dans les télécommunications et l’informatique
Les employés du secteur des télécommunications et de l’informatique sont ceux qui s’identifient le plus à leur employeur. Près d’un sur deux (47%) se dit étroitement attaché à son employeur. Ils sont suivis par les employés du secteur de la construction (44%) et ceux des services aux entreprises (41%). La sensation de sécurité très élevée dans l’industrie des télécommunications pourrait expliquer la force de cet attachement, puisque 53% des employés de ce secteur estiment leur place de travail très sûre, une valeur supplantée uniquement par le secteur pharmaceutique, des biotechnologies et des sciences de la vie (68%). Conséquence logique, dans le secteur des télécommunications et de l’informatique, 13% seulement des employés recherchent un nouvel employeur.
A l’opposé, l’industrie des biens de consommation compte la part la plus faible d’employés qui se sentent très attachés à leur employeur. Ils ne sont en effet que 12% à choisir cette réponse. Le secteur des assurances dénombre la proportion la plus élevée d’employés en recherche d’emploi auprès d’une autre entreprise : ils sont près d’un tiers (32%) à être attentif aux offres sur le marché du travail.
L’industrie des biens de consommation affiche également de mauvais résultats en ce qui concerne la sécurité de l’emploi, telle que la perçoivent les employés. Seul un salarié sur quatre (24%) estime occuper une place de travail très sûre. Cette proportion est encore plus faible dans le secteur immobilier, avec 18%. En moyenne, tous secteurs confondus, 42% des employés pensent que leur place de travail est très sûre.
« La concurrence marquée et la forte pression sur les prix qui règnent dans l’industrie suisse des biens de consommation se ressentent également chez les employés. Les entreprises qui souhaitent conserver les bons employés doivent donc chercher le dialogue avec eux et leur présenter des perspectives claires pour l’avenir », conseille Mme Aeschlimann.
avec monde-economique