Le 29 juillet 1992, le peuple camerounais est stupéfait en apprenant la mort de la Première dame Jeanne Irène Biya née Monengono Atcham. Elle était sage femme de profession et exerçait à l’hôpital central de Yaoundé. Selon la version officielle, elle souffrait du cancer et aurait fait une rechute le 28 juillet lors d’un séjour dans son village de son époux à Mvomeka où elle voulait faire des lacs de pisciculture.
Transportée par hélicoptère à Yaoundé, elle est décédée le 29 Juillet à quatre heures du matin, à l’hôpital, non , au palais présidentiel. Une version improbable maquillée au forceps comme une voiture volée. On tombe d’autant plus du haut, lorsqu’on soutient dans les coulisses du palais que le chef d’État camerounais avait été informé de la tragédie une heure après son arrivée à Dakar pour un sommet pour du beurre et des épinards.
Ciel! Paul Biya qui ne s’est jamais rendu à un sommet de l’Union Africaine, avait subitement entendu un son de cloche l’invitant à partir de toute urgence à Dakar pour des historiettes de la francophonie qui ne figuraient pourtant pas dans son agenda. Et c’est là-bas où lui- même, après avoir reçu un bref coup de fil de Yaoundé lui annonçant: ” Monsieur le Président, c’est fait!” qu’il avait aussitôt informé ses pairs que son épouse vient de décéder des suites de maladie. Silence, on tourne!
On prétend que c’est le cancer, mais quel est donc ce cancer qui tue subitement comme une attaque cardiaque? Dans quel pavillon de l’hôpital est-elle morte? Quel médecin a été établi le certificat du genre de mort? Quel malade en phase terminale du cancer peut quitter de son lit au palais présidentiel pour aller travailler dans les lacs de poissons au village? Quel mari peut abandonner son épouse gravement malade dans son village pour se rendre dans un autre pays où il n’y avait ni urgence, ni obligation?
La réalité est que la Première dame avait été abattue par balles. Le jour de sa mort, elle avait reçu deux religieuses françaises qui furent toutes retrouvées mortes, violées et jetées dans les broussailles, non loin de leur congrégation à Djoum. L’ Abbé Amougou qui avait célébré la messe des obsèques fut retrouvé mort. Une missionnaire de l’ église catholique qui avait lavé le corps de la dépouille de Jeanne Irène Biya fut aussi abattue.
Père Engelbert Mveng, son confident, fut retrouvé nu, assassiné et le corps positionné en signe de croix, sur son lit. Le médecin légiste qui avait constaté le genre de mort fut éliminé. Le cercueil de la Première dame qui devait pourtant être ouvert pour la messe de requiem, fut scellé. Le capitaine Roger Motazé, aide de camp du chef de l’ État, à qui Jeanne Irène BIYA avait confié d’organiser sa fuite du Cameroun , fut tué dans un accident de voiture, après avoir déjeuné avec le Président Biya.
Cette dame de coeur qui avait conseillé à son époux de démissionner après l’interview du directeur général de la Société Camerounaise de Banque Robert Messi Messi qui avait révélé dans Jeune Afrique que Paul Biya et les membres de sa famille avaient pillé près de 4 milliards dans les caisses. Alors que le peuple voulait lui rendre un vibrant dernier hommage, le chef de l’État ordonna plutôt que son cerceuil hermétiquement fermé, soit conduit au village. Un seul chef d’État africain fut convié à l’enterrement: Mobutu Sese Seko.
On n’a jamais réussi à soulever l’écorce pour savoir si le corps de la Première dame se trouvait réellement dans ce cerceuil. Tous les exemplaires du journal International News Bi Hebdo dans lequel je faisais des piges et qui titra ” Un cerceuil vide enterré à Mvomeka’a”, furent saisis par la police et la gendarmerie. Le nom, les photos de l’ex-Première dame du Cameroun ont disparu du palais présidentiel et restent bannis. Qu’a-t-on fait du corps et de la mémoire de Jeanne Irène Biya? Pourquoi n’a-t-on jamais organisé une seule messe de commémoration depuis sa disparition? Comme le disait Antonio Porchia: ? Mes morts continue de souffrir la douleur du crime en moi?.
Avec cameroonmagazine