Le monde moderne, en particulier le monde occidental, est fortement monolithique et de nombreux pays occidentaux – qu’ils veulent l’entendre ou pas – ont volontairement renoncé à une partie considérable de leur souveraineté. Dans une certaine mesure, cela est le résultat de la politique des blocs. Parfois, nous trouvons qu’il est très difficile de s’entendre avec eux sur les questions géopolitiques. Il est difficile de parvenir à un accord avec des gens qui chuchotent même dans leur propre maison de peur d’être entendus par les Américains. Ce n’est pas une blague ou une façon de parler. »
Vladimir Poutine dénonce, de plus en plus explicitement, la servilité de la France et de l’Europe face aux Etats-Unis, que ce soit dans l’affaire des mises sur écoute des dirigeants français ou dans celle des navires Mistral.
La publication par Wikileaks de documents établissant la mise sur écoute par les Etats-Unis de trois Présidents français était un secret de Polichinelle connu depuis les révélations d’Edward Snowden. Loin de protester contre la violation flagrante de la souveraineté française que constitue l’espionnage de ses plus hauts dirigeants, notre gouvernement s’empresse déjà courageusement d’étouffer ce scandale, comme l’ont prévu Sergueï Lavrov et Vladimir Poutine. Rappelons que la France s’est honorée en 2013 en rejetant la demande d’asile d’Edward Snowden, et qu’il est illusoire de croire qu’il pourrait en aller autrement du fait de ces révélations : la France officielle ne peut répondre que par une fin de non-recevoir aux appels de Julian Assange.
En refusant la livraison des deux porte-hélicoptères commandés et payés par la Russie, la France s’est à la fois déshonorée et décrédibilisée sur la scène internationale en tant que partenaire économique et fournisseur militaire fiable. Le prétexte inepte de la crise ukrainienne et d’une prétendue immixtion russe, invoqué par un pays qui intervient dans la crise syrienne en armant les terroristes d’Al-Nosra (dont il fait l’apologie) et en appelant au renversement (voire à l’assassinat) du dirigeant syrien légitime, révèle l’ampleur de l’hypocrisie et de l’indécence du gouvernement français et de sa sujétion aux diktats américains. D’autant plus que ce même gouvernement a ensuite conclu d’énormes contrats de ventes d’armes avec les régimes barbares du Qatar et même de l’Arabie Saoudite, engagés dans une guerre illégale et criminelle au Yémen.
Tandis que les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie augmentent, leurs « alliés » européens sont contraints de lui imposer des sanctions et d’en subir seuls les redoutables contrecoups : ainsi, Vladimir Poutine vient de renouveler pour un an l’embargo sur les produits agroalimentaires en provenance d’Europe.
Vladimir Poutine déclarait dernièrement à Charlie Rose, un présentateur TV vedette américain qui lui demandait, incrédule, si la Russie aspirait vraiment à se faire respecter (quelle idée saugrenue, en effet) : « Vous savez, j’entendsça tout le temps, que ‘la Russie veut être respectée’. Pas vous ? Qui ne le veut pas ? Qui veut être humilié ? C’est une question étrange. Comme si c’était une sorte de droit exclusif réservé à certains. La Russie exige le respect. Est-ce que quiconque aime à être méprisé ? » A cette question rhétorique, nos dirigeants répondent ‘oui’ sans hésitation, et continuent à chuchoter dans leurs demeures mêmes de peur des oreilles (et micros) indiscrets.
Au lieu d’un rapprochement avec la Russie, partenaire historique et soucieux du respect des Etats et de leur souveraineté, grande puissance montante de surcroît et champion de la défense du droit international, la France et l’Europe préfèrent la vassalisation aux Etats-Unis, superpuissance en déclin irrémédiable à laquelle ils enchaînent leur destin. On conçoit aisément la répulsion que les élites russes, malgré leur professionnalisme, doivent ressentir pour nos glorieux dirigeants. Probablement à la hauteur de celle que ressentent de plus en plus leurs peuples, auxquelsVladimir Poutine fait le choix de s’adresser directement.
Ancienne puissance colonisatrice arrogante et conquérante, puis République gaullienne souverainiste, la France est aujourd’hui reléguée au statut de sous-colonie américaine dont l’indépendance et les intérêts nationaux sont quotidiennement bafoués et piétinés, tant par les dirigeants apatrides et invertébrés de Paris, maintes fois coupables du crime de haute trahison (abrogé, heureusement pour eux), que par les faucons impériaux de Washington.
Même un pays comme l’Algérie, ancienne colonie française où sévit un régime militaire corrompu et rétrograde, bénéficie pour le moins de dirigeants soucieux des intérêts nationaux au point de refuser toute participation à la coalition saoudo-américaine contre le Yémen, alors que la France hollandienne était prête à se jeter allégrement dans une nouvelle croisade en Syrie, au risque de déclencher la troisième guerre mondiale. On peut se demander, pour reprendre une expression de Norman Finkelstein, pourquoi les prostitué(e)s ont si mauvaise réputation… Bienvenue en médiocratie !
Pmepmimagazine avec cameroonvoice