Vladimir Poutine a ordonné à l’armée aérienne Russe de se préparer pour un “temps de guerre”, selon-vous quelle est la stratégie derrière cette annonce ? Pourquoi dit-il cela maintenant ?
Roland Lombardi : Cette dernière déclaration de Vladimir Poutine et la mise en “alerte maximale” des forces militaires russes interviennent dans un contexte particulier, à savoir un regain de tension dans le Donbass en Ukraine.
Pour le Président russe, c’est clairement un message d’avertissement en direction du Président ukrainien Porochenko mais aussi de l’OTAN et bien sûr des Etats-Unis.
Il faut aussi rappeler, qu’il y a un mois, juste avant que Barack Obama ne quitte la Maison Blanche, la tension dans les relations américano-russes s’était accentuée lorsque l’ancien président américain avait expulsé 35 diplomates russes soupçonnés d’espionnage (sans représailles de la part de Moscou) et surtout, lors d’un des plus vastes déploiements de troupes américaines en Europe depuis la fin de la Guerre Froide. En effet, dans le cadre de l’opération nommée “Atlantic Resolve“, des chars américains avaient franchi la frontière germano-polonaise le 12 janvier. Ainsi, une brigade américaine de près de 4 000 hommes, 87 chars et une centaine de véhicules blindés avait été déployée début janvier. Cette unité effectua alors des manœuvres à la frontière russe et des rotations étaient prévues entre les territoires polonais, lituanien, estonien et hongrois. Pour Washington, ces “opérations” s’inscrivaient dans une stricte mesure de “dissuasion et de défense” face “aux activités russes en Ukraine”. Mais celles-ci mettaient tout de même sous pression les forces russes, tout en encerclant la Russie sur son flanc ouest. Par ailleurs, d’autres exercices de l’OTAN (prévus de longue date, avant l’arrivée de Trump) ont lieu en ce moment, depuis le 1er février, en mer Noire… Ce n’est donc pas étonnant que la Russie se sente alors “agressée” et montre elle aussi ses muscles… C’est le jeu.
Même avec la prise de fonction du nouveau président Trump (qui a l’intention de se rapprocher de la Russie) et les dernières nominations aux postes clés de son administration de personnes considérées comme “amie” de la Russie (Tillerson, Flynn…), il est toujours bon pour Poutine de faire une sorte de piqûre de rappel dans le domaine de la dissuasion, histoire de montrer qu’il ne se laisse pas grisé ou endormir par les beaux discours du nouveau président américain. Il rappelle ainsi qu’il reste toujours vigilant et sur ses gardes. Toutefois, le président russe sait pertinemment qu’il ne peut se permettre le luxe d’un conflit contre l’OTAN en Europe. Et je ne pense pas aussi, que la nouvelle direction à Washington souhaite déclancher une Troisième guerre mondiale pour l’Ukraine…
Avec atlantico