Elle est nippone. Elle vit en Éthiopie et enchaîne les aller-retours entre sa terre natale et son pays d’accueil.
Bien décidée à se faire un nom dans le milieu de la mode, Hiroko Samejima s’est installée en Éthiopie pour fabriquer des articles de cuir qu’elle vend à prix d’or au Japon. La designer japonaise, 43 ans, a fondé son entreprise et sa marque – Andu amet (« un an », en amharique) – en 2012, dix ans après avoir mis les pieds pour la première fois à Addis-Abeba. Et, depuis, ses créations font fureur dans les grands magasins et les boutiques de luxe de Tokyo.
Du design à la mode
C’est un peu par hasard que la jeune femme s’est retrouvée dans la Corne de l’Afrique. Après une expérience mitigée en tant que designer produits dans une entreprise japonaise de cosmétiques, elle décide de partir dans le cadre du programme des Volontaires japonais pour la coopération à l’étranger (JOCV, Japan Overseas Cooperation Volunteers), qui l’envoie à Addis-Abeba.
Passé le choc de la découverte de la pauvreté, un monde tout neuf s’ouvre à elle, où elle exerce son métier de créatrice et aide les artisans locaux à améliorer leur production, jusqu’à ce défilé de mode qu’elle organise en 2003 dans la capitale éthiopienne. Une véritable révélation. C’est décidé, elle va créer sa propre marque. Le temps d’un court passage au Ghana pour la préparation d’un salon, qui la conforte dans son choix et dans sa passion pour l’Afrique, et elle repart pour le Japon en 2005.
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« Je savais ce que je voulais faire, mais pas comment y parvenir. Je n’avais aucune des notions commerciales ou financières nécessaires pour monter une entreprise », avoue aujourd’hui Hiroko Samejima. Elle pousse alors les portes du service marketing de Chanel à Tokyo, où, patiemment, elle apprend les ficelles du métier pendant cinq ans. Avant de reprendre l’avion en direction de l’Éthiopie.
Des produits de bonne qualité
Elle connaît la qualité des cuirs produits localement et, sûre de son coup de crayon, est persuadée de pouvoir séduire le marché japonais. Le temps de trouver et de former les tanneurs qui assoupliront les peaux (d’agneau et de mouton) selon les standards et la finesse qu’elle souhaite obtenir, elle se lance dans la conception et la confection de sacs à main. Ses premières créations sous le bras, elle rentre à Tokyo démarcher les grandes enseignes, et ses sacs ne tardent pas à se retrouver en bonne place dans les rayons. « Tout le monde a été surpris par la qualité des cuirs que je proposais », se souvient-elle.
A plus de 1000 euros le sac à main, sa petite entreprise ne connaisse pas la crise
Depuis, elle enchaîne les allers-retours entre son archipel natal et le continent. En Éthiopie, avec ses quinze employés, elle diversifie sa production et ajoute à ses collections des vestes et des chaussures.
Au Japon, elle cherche de nouveaux points de vente, toujours exclusivement dans le haut de gamme. Pas question du moindre compromis en matière de qualité. Et si elle refuse de communiquer tout chiffre d’affaires, il semble que, même à plus de 1 000 euros le sac à main, sa petite entreprise ne connaisse pas la crise. Au point qu’elle cherche actuellement de nouveaux marchés, surtout du côté de l’Europe.
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Maintenant que tout est en place en Éthiopie, Hiroko Samejima espère pouvoir à nouveau passer un peu plus d’un mois par an au Japon. Parfaitement bilingue (« Je parle mieux l’amharique que l’anglais ! »), elle voudrait aussi que ses compatriotes dépassent leurs préjugés pour s’intéresser plus profondément à un continent qu’elle adore. Elle compte d’ailleurs bien se rendre à Nairobi fin août, pour la Ticad VI, afin de les en convaincre.
avec jeuneafrique