Naviguer anonymement sur le Web n’est pas réservé aux seuls experts en informatique. Quelques réflexes élémentaires de sécurité permettent d’évoluer en ligne sans laisser de traces.
Formidable outil d’expression, le Web est aussi une immense machine à surveiller. Naviguer en ligne sans protection aucune revient à répandre des données personnelles parfois sensibles, à laisser entrevoir ses centres d’intérêt, une part importante de son activité quotidienne, ou encore ses sources d’anxiété, notamment médicales.
Détenir un secret d’Etat n’est ainsi pas indispensable pour protéger sa navigation. “Nous ne tolérons pas que notre voisin ou notre employeur se mêle de notre vie privée. Pourquoi le tolérer en ligne ? Sans protection, il est possible qu’une tierce personne ait accès aux sites politiques, de rencontres ou d’informations médicales sur lesquels on navigue”, résume Grégoire Pouget, activiste et membre de l’association Nothing 2 Hide, qui propose des formations de sécurisation de ses communications destinées aux journalistes et militants.
Pour préserver sa vie privée en ligne, nul besoin d’opter pour des mesures drastiques ou de troquer ses mails contre l’ancestral courrier, comme le préconisait un Donald Trump fraîchement élu. Quelques bons réflexes quotidiens peuvent être adoptés.
Amadouer son navigateur
Les navigateurs les plus utilisés stockent toutes les pages consultées en ligne. Ce cheminement en dit long à tout curieux. Supprimer son historique, aussi simple cela puisse-t-il paraître, limite la portée des intrusions.
Pour épurer sa navigation, il convient de désactiver – dans la mesure du possible les cookies, ces petits fichiers qui gardent en mémoire votre activité sur le Web, parfois des identifiants ou un historique d’achat.
La navigation privée, elle, ne fait que supprimer l’historique de navigation, les cookies, les mots de passe enregistrés, les fichiers téléchargés… sur la machine que l’on utilise. “Elle ne change absolument pas la façon dont on peut être traqué sur Internet et n’efface certainement pas les traces qu’on laisse sur le réseau”, fait remarquer Grégoire Pouget. Ce mode de navigation ne rend pas non plus anonyme.
Sécuriser sa connexion
L’affichage d’une page web passe bien souvent par l’utilisation du protocole HTTP, qui figure dans la barre d’adresse. Les données qui circulent avec ce protocole ne sont pas chiffrées et donc, peu sécurisées.
“Il est relativement facile d’intercepter les contenus qui transitent sur le réseau de manière non chiffrée”, commente Grégoire Pouget. “Lorsqu’on se connecte sur un réseau WiFi public par exemple, n’importe quelle personne un peu habile techniquement peut capter une partie du trafic et accéder à toutes les données qui transitent entre un ordinateur et un site Web.”
Une connexion sécurisée implique de passer par HTTPS (pour “HyperText Transfer Protocol Secure”), ce protocole qui fait apparaître un petit cadenas à côté de l’adresse consultée. Ce mode de connexion chiffre la communication entre un ordinateur et un site Web, la rendant ainsi beaucoup plus sécurisée. Aujourd’hui, la plupart des sites les plus visités utilisent ce HTTPS.
L’usage d’une messagerie chiffrée est également recommandé. Elle permet de rendre les conversations illisibles pour quiconque tente de les intercepter. Parmi les plus connues, on compte Telegram – utilisée par le gouvernement – ou Signal. Des services gratuits proposant de se créer une adresse mail sécurisée existent aussi, à l’image de ProtonMail.
Brouiller les IPstes
Être anonyme sur Internet revient à masquer son adresse IP, l’équivalent de la carte d’identité de votre ordinateur. Ce numéro, attribué par les fournisseurs d’accès Internet, permet de suivre son cheminement sur la toile, qu’il s’agisse de sites consultés ou de commentaires postés. Or, ces mêmes fournisseurs d’accès sont généralement capables de faire le lien entre une adresse IP et une identité bien réelle.
Un service de VPN peut être utilisé pour dissimuler cette adresse IP et évoluer sous couverture. Le VPN permet en effet de créer virtuellement une adresse IP factice et de naviguer en utilisant cet identifiant. Cette adresse peut être associée à celle d’un autre pays que le sien, pour accéder à des services censurés ou indisponibles sur un territoire.
En la matière, les VPN gratuits sont à proscrire, la plupart compensant leur gratuité par l’exploitation des données personnelles de leurs utilisateurs.
S’aventurer sur Tor
Tor, ou “le routeur oignon”, permet de contourner la censure et d’anonymiser sa navigation sur Internet. Il s’agit d’un réseau composé de noeuds, qui complexifie grandement le traçage d’une adresse IP et donc, l’identité d’une personne.
Simple à installer, Tor s’utilise comme un navigateur Internet. Son paramétrage s’avère en revanche fastidieux. Le site du projet comporte bon nombre de conseils à cet égard. Une fois cette étape passée, la navigation peut parfois comprendre quelques lenteurs. Cet aspect technique ne vient pas ternir les nombreux avantages de Tor. Le système est prisé par les dissidents de pays autoritaires, où Internet est particulièrement surveillé.
Avec businessinsider