La mort du maire de Misrata est le dernier élément d’une série d’événements troublants qui pourraient rendre la situation en Libye encore plus dangereuse à l’avenir. Le 17 décembre, les Libyens ont célébré le deuxième anniversaire de la signature de l’accord de Skhirat. Cette célébration intervient à un moment où les représentants du gouvernement de Tripoli et du Parlement de Tobrouk ont lamentablement échoué à définir les bases du nouveau système politique libyen.
Malgré cette situation explosive, la classe politique dirigeante a décidé de maintenir sa décision d’organiser des élections présidentielle et législatives en mars 2018. Pour le Gouvernement d’union nationale (GNA) que préside Fayez Al-Sarraj, il n’est également pas question de jeter aux orties l’accord de Skhirat. Le Premier ministre libyen assure qu’il restera en vigueur jusqu’à ce que les Libyens trouvent une issue à la crise. Cette position est défendue par l’ONU et les pays voisins de la Libye, qui ne veulent pas entendre parler d’un vide juridique.
Le plus grand danger justement réside dans le fait que le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, n’est pas du tout d’accord avec cette façon de voir. Au grand dam des Nations unies, il a rappelé, samedi à la télévision, que l’accord de Skhirat n’avait plus lieu d’être. Le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) a d’ailleurs eu des mots très durs pour célébrer les deux ans de l’accord de Skhirat, signé sous l’égide de l’ONU. Un accord, pour lui, qui n’est plus que de l’encre sur du papier. Pour enfoncer le clou, Haftar a estimé également que la légitimité du gouvernement d’union nationale ne valait plus rien.
L’accord de Skhirat donnait deux ans au gouvernement d’union nationale pour mettre fin à la division politique. Constatant l’échec, l’officier a donc annoncé sa mort à la télévision. Khalifa Haftar prône une politique de la table rase, dans laquelle son armée serait la seule institution capable de répondre à «la volonté du peuple libyen libre». En clair, il a fait comprendre qu’il ne respecterait plus le GNA. A ce propos, des observateurs craignent une reprise des hostilités entre Tripoli et Tobrouk puisque Khalifa Haftar ne cache plus son projet de conquérir le pouvoir par la force.
Régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir effectivement prendre le pouvoir et instaurer une dictature militaire, Khalifa Haftar a indiqué aussi avoir été «menacé de mesures internationales fermes» s’il osait prendre des initiatives en dehors du cadre mis en place par la communauté internationale et la mission de l’ONU en Libye. «Nous annonçons sans équivoque notre obéissance totale au peuple libyen, maître de son destin», a-t-il conclu.
Une chose est certaine, la conquête du pouvoir ne sera pas facile pour le chef de l’ANL, car il aura en face de lui des personnalités de poids. L’une d’elle est Seïf Al-Islam Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi renversé en 2011 par l’Otan et le Qatar. Seïf Al-Islam vient de faire savoir, par l’intermédiaire de Bassim El-Hachmi, le porte-parole de la famille Kadhafi, qu’il allait se présenter à la présidentielle de 2018 et qu’il était déjà assuré du soutien des plus grandes tribus libyennes. En d’autres termes, il se prépare dès maintenant à prendre la place de son père.
Avec algeriepatriotique