Avec 247 000 nouvelles immatriculations en septembre, le groupe automobile affiche des résultats sans précédent. Son directeur de la division Europe, Maxime Picat, nous explique en exclusivité les raisons.
PSA présente ce mercredi des résultats historiques. Le groupe français se hisse pour la première fois sur la plus haute marche du podium européen, devant le géant allemand Volkswagen. Son directeur de la division Europe, Maxime Picat, alerte néanmoins sur les risques de « casse sociale » que fait courir une réglementation européenne trop dure.
Vous annoncez ce mercredi de très bons résultats pour le troisième trimestre…
PSA est en croissance de 1,5% en France, dans un contexte où le marché automobile recule de 11,1%. Nous sommes en croissance en Allemagne, Italie, Espagne. Ce qui a permis au groupe, qui comprend les cinq marques, Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall, d’augmenter sa part de marché de 0,5 % en moyenne. Avec 247 000 nouvelles immatriculations en septembre, PSA est sur la première place en Europe, devant celui qui est d’habitude numéro un, l’allemand Volkswagen. C’est une grande première.
Le changement des mesures antipollution depuis le 1er septembre y est-il pour quelque chose ?
Certains de nos concurrents, dont les modèles n’avaient pas réussi à passer les nouveaux tests, et donc non-conformes à la nouvelle norme Euro 6.2, ont pu être tentés de procéder en amont à un déstockage massif de leurs anciens modèles, en forçant les ventes grâce à des remises exceptionnelles. D’où une explosion de 30% des immatriculations européennes au mois d’août, avant un net ralentissement en septembre. Nous n’avons pas été touchés par cet effet yo-yo des ventes. La raison en est simple : nous étions préparés puisque nous avions fait le choix depuis plusieurs années déjà d’une technologie antipollution plus onéreuse à la conception, mais bien plus efficace en matière de protection de la santé et de l’environnement. Le pari s’avère gagnant.
Au-delà, à quoi attribuez-vous vos performances ?
Plusieurs de nos modèles rencontrent un grand succès. A commencer par les SUV de Peugeot, 3008 et 5008. La stratégie de Citroën aussi, qui depuis quelques années cherchait un second souffle, est également en train de porter ses fruits.
Comment avez-vous procédé ?
Citroën s’est rapproché de ses clients. Nous avons mis en place un système de notation sur son site qui permet à tout propriétaire de noter son modèle et la concession dans laquelle il l’a acheté. Cela afin de répondre aux attentes du public. Au-delà, Citroën propose une gamme différenciante avec la C3 et bientôt la C5 Aircross, dans le style, la technologie, avec une priorité sur le confort. Le système d’amortisseurs à double butée, unique au monde, est un exemple parmi d’autres. Résultat, dans le top 10 des meilleures croissances sur les neuf premiers mois de l’année, Peugeot est numéro un et Citroën arrive juste derrière.
Le Mondial de l’auto a fermé ses portes sur un bilan plutôt positif pour vous ?
Excellent. A tous les points de vue. D’abord la fréquentation globale du salon s’est maintenue, au-dessus du million de visiteurs. Les stands de Peugeot, Citroën et DS, n’ont pas désempli, le nombre de nos commandes sur place a explosé.
La fabrication d’une voiture électrique nécessite 40 % de main-d’œuvre en moins. Certains de vos salariés doivent-ils craindre pour leur emploi ?
Ce sujet est au cœur de nos attentions. Il est normal de se préoccuper de l’impact de l’automobile sur la santé et l’environnement. Mais nous sommes un secteur qui a besoin de temps pour s’adapter et digérer les mutations qui sont imposées. La question est de savoir à quelle vitesse, afin de prémunir nos salariés de tout risque de casse sociale. Les objectifs de réduction d’émissions de CO2 à venir sont tellement drastiques que seul un développement massif de l’électrique permettra de les atteindre. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur les outils de production.