Vendre la start-up qu’on a créée, cela peut rapporter de quoi se lancer dans un nouveau projet. Mais c’est aussi renoncer à un rêve qui a pris forme. Voici quelques bonnes (et moins bonnes) raisons de céder à la tentation.
Quel startupper n’a jamais rêvé de voir Mark Zuckerberg entrer dans son bureau, lancer une bourse pleine de dollars et crier : j’achète ! Peu de chance de voir les choses se dérouler ainsi, mais le rachat de start-up est une opération courante. Seulement, on ne décide pas de vendre son bébé. Il faut qu’une opportunité se présente. Le moment venu, à vous de prendre votre décision en fonction de vos envies et de vos projets, pour vous-mêmes comme pour votre entreprise. Exemple avec Michel Athénour, cofondateur de Cityvox.fr, revendu à Orange pour 30 millions d’euros, et fondateur dirigeant de Autrement, société d’édition de sites internet de guides et de réservation d’hébergements en ligne.
Vendez quand :
#1 Il faut grossir ou partir
Pour une start-up, notamment spécialisée dans le numérique, le marché devient très vite très gros et très concurrentiel. Pour résister, il faut avoir les moyens d’étendre son marché, notamment à l’international. Une fois que vous avez atteint votre taille limite, par exemple lorsque vous êtes devenu le leader français, si une occasion de vendre votre start-up se présente, c’est peut-être le moment ! C’est la décision qu’ont prise les fondateurs de Cityvox.fr en 2008, pour 30 millions d’euros. « Nous étions leader en France, mais ça ne veut pas dire grand-chose. On ne peut pas rester seuls et petits longtemps. Soit on se développe à l’étranger, soit on s’adosse à un grand groupe. C’est ce que m’a appris mon expérience. »
#2 Il faut suivre le mouvement des actionnaires
Lever des fonds fait partie de la vie d’une société. Si cela vous permet de vous développer, vous perdez en indépendance. Or, les actionnaires qui croient en vous veulent aussi un jour réaliser leur plus-value. « Ils ont pris des risques et quand ils sentent qu’il y a des acheteurs potentiels, ils peuvent pousser à vendre. Dans notre cas, ils ont un peu initié le mouvement. Certains actionnaires nous ont suggéré de profiter de cette opportunité pour songer à vendre. »
#3 Il est possible de prendre l’oseille !
La meilleure raison de vendre sa start-up, c’est bien d’en tirer de beaux bénéfices. « L’argent obtenu peut être réinvesti dans un nouveau projet », suggère Michel Athénour. C’est ce qui lui a permis de lancer Autrement, sa société d’édition de sites Internet spécialisée dans les guides et la réservation d’hébergements en ligne.
#4 Il est temps de faire fructifier l’expérience
Outre l’aspect financier, le fait de se lancer dans une nouvelle aventure après la revente de sa start-up permet de démarrer une nouvelle activité plus rapidement, grâce à l’expérience accumulée. « Lors du démarrage de ma première entreprise, j’avais 28 ans, je n’avais jamais eu d’expérience entrepreneuriale avant. Sur un deuxième projet, il est plus facile de gérer des salariés, des partenaires, de signer un contrat, etc. »
Ne vendez pas, si vous sentez que vous pouvez:
#1 Aller plus loin dans le projet
Si vous avez les fonds nécessaires, en restant à la tête de votre start-up, vous pouvez devenir celui qui rachète les autres. « Seuls ceux qui sont vraiment leaders peuvent être du côté du consolidant d’un marché, comme Blablacar ou Ventes privées. Juste bon, cela ne suffit pas », commente néanmoins l’entrepreneur.
#2 Soigner encore votre bébé
La vente d’une start-up rapporte de l’argent, mais cela signifie aussi le lâcher-prise quant à son devenir. Cela inclut la disparition ou la dénaturation de la société. « Dans notre cas, l’acheteur n’a pas fait ce qu’il fallait. Il a abîmé sa cible, il a fait perdre de la valeur à sa société. Il y a eu un choc de culture entre l’organisation de 200.000 salariés et les 50 collaborateurs de Cityvox. » Néanmoins, l’entrepreneur n’a pas de regret : « Le jeu devenait difficile. Seuls, nous n’y serions pas arrivés. »
#3 Rester chez vous
Vendre ne veut pas dire quitter la société : vous pouvez aussi rester salarié de votre start-up. Si cela offre plus de possibilités à votre entreprise, vous perdrez en revanche le sentiment de liberté qui était le vôtre jusque-là. « On ne peut plus prendre les décisions que l’on souhaite. Ce n’est ni bien ni mal, c’est différent. »
Avec lesechos