Le groupe de Vincent Bolloré veut partager avec Paris et les communes d’Ile-de-France la dette du service Autolib’ dont il est propriétaire. Les discussions sont en cours.
Les discussions sont tendues entre le groupe Bolloré et la mairie de Paris. En jeu, la dette gigantesque d’Autolib’, les voitures en libre-service à disposition dans la capitale et dans 97 communes d’Ile-de-France. Au terme de la délégation de service public, en 2023, le déficit cumulé de ce service atteindrait 293,6 millions d’euros, selon Le Monde qui a consulté le plan d’affaires établi en 2017 par l’entreprise. Or, Vincent Bolloré ne veut pas payer seul l’addition. Il n’en est d’ailleurs pas obligé : le contrat négocié en 2001 avec Bertrand Delanoë lui impose seulement de combler les pertes jusqu’à 60 millions d’euros. Au-delà, les communes doivent mettre la main au portefeuille.
Dans une lettre datée du 25 mai, le groupe Bolloré réclamerait 40 millions d’euros par an jusqu’en 2023 à l’ensemble des communes concernés, selon le quotidien. Paris étant la ville comptant le plus de stations Autolib’, elle est aussi celle qui débourserait le plus pour épongerer les pertes. Les tractations avec le syndicat mixte Autolib’ Velib’ Métropole (SAVM), chargé de suivre la délégation confiée à Bolloré, durent depuis la fin de l’année 2016. Ce groupement reproche notamment à l’entreprise d’imputer des dépenses qui ne concernent pas seulement Autolib’. Le Monde donne l’exemple d’un logiciel informatique facturé 60 millions d’euros alors qu’il aurait dû au départ coûter 15 millions d’euros. Un logiciel qui n’est pas utilisé qu’en France par le groupe Bolloré.
Finalement, un “comité de conciliation” entre le SAVM et Bolloré a été crée mais n’a toujours pas trouvé de solution. Sa proposition de faire payer 90 millions d’euros aux collectivités a été rejetée par toutes les parties. De son côté, la mairie de Paris a proposé de prendre à sa seule charge 40 millions d’euros avant la fin de la concession, un montant pour solde de tout compte. Cette proposition aussi a été refusée par le groupe Bolloré, qui réclame près de 150 millions d’euros.
Si aucun compromis n’est trouvé, la concession pourrait être résiliée. Le tribunal administratif pourrait aussi être saisi pour se prononcer sur le conflit et répartir les pertes. Mais pour le moment, la mairie de Paris comme le groupe Bolloré assurent au Monde que les négociations continuent.
Mais comment Autolib’ en est arrivé là ? Si le volume d’abonnés augmente régulièrement, le nombre de locations et leur durée n’ont jamais été suffisantes pour couvrir les charges, explique le quotidien. D’autant que ces indicateurs sont en baisse depuis plusieurs années. De plus, Autolib’ souffre de la concurrence d’autres modes de transport comme les VTC, le covoiturage ou les scooters électriques en libre-service. Enfin, la rotation des voitures n’est pas correctement assurée entre Paris et les autres communes d’Ile-de-France.
Avec capital