Lundi 25 juillet, la convention démocrate de Philadelphie s’est ouverte avec des délégués pro-Sanders agités. Mais la journée s’est finalement terminée par des ovations, grâce à un plateau de stars féminines exceptionnel, avec Michelle Obama en vedette américaine. Bernie Sanders a clôturé la séance, invitant les Américains à faire d’Hillary Clinton la prochaine présidente des Etats-Unis en novembre face à Donald Trump.
En ce premier jour de convention, un trio féminin de premier plan a harrangué la foule des 5 000 délégués démocrates réunis à Philadelphie pour entériner le lancement de la campagne présidentielle. A savoir la comédienne Eva Longoria, d’origine mexicaine et militante des droits des Latino-Américains, mais aussi Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts – la plus à gauche des élus démocrates -, et enfin la First Lady Michelle Obama, la plus populaire de toutes avec 66 % d’opinions favorables d’après la dernière enquête de Gallup.
Toutes trois sont venues soutenir Hillary Clinton, une candidate qui a bien besoin de leur souffle pour remonter dans les sondages. « Dans cette élection, je suis avec elle », a lancé l’épouse de Barack Obama, dans un discours qui a fait se lever la salle. Dans son argumentaire, axé sur l’avenir qu’elle souhaite léguer à ses enfants, Michelle Obama a estimé qu’il était temps pour les femmes de briser le dernier des « plafonds de verre » : « Grâce à Hillary Clinton, mes filles et tous nos enfants tiendront pour acquis qu’une femme peut devenir présidente des Etats-Unis », a lancé la Première dame du pays.
« Elle ne tremble pas sous la pression, elle ne choisit jamais la sortie facile »
Au sujet des filles du président, Sasha et Malia, Michelle Obama a également dit ceci : « Le langage de haine qu’elles entendent à la télévision ne représente pas l’esprit de ce pays. » Une allusion à peine voilée à Donald Trump. « Nous savons que nos mots et nos actes ont de l’importance », considère Mme Obama, qui pose la question : « Qui aura le pouvoir d’influencer nos enfants pour les quatre ou huit prochaines années de leur vie ? » Sa réponse : Hillary Clinton, une femme de « courage » et de « grâce », « qui ne faiblit jamais sous la pression », et qui « n’a jamais abandonné de sa vie ».
« Quand elle n’a pas obtenu l’investiture voilà huit ans, a rappelé Mme Obama, elle ne s’est pas mise en colère, elle n’était pas dans la désillusion. Hillary n’a pas fait ses valises pour rentrer chez elle. Car en vrai serviteur de l’Etat, Hillary sait que tout cela est bien plus important que nos propres désirs ou déceptions. Elle ne tremble pas sous la pression. Elle ne choisit jamais la sortie facile. Hillary Clinton n’a jamais rien abandonné de sa vie, et je suis là aujourd’hui, car je sais que c’est le genre de présidente qu’Hillary Clinton sera. »
« Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis d’Amérique »
Michelle Obama a eu du mal à s’exprimer tant les applaudissements étaient nourris. Sans jamais prononcer le nom de Donald Trump, elle s’est attachée à décrire un pays dans lequel il ne serait pas possible de vivre en harmonie si le républicain venait à gagner. Il y avait beaucoup d’émotion dans son intervention. Elle-même était manifestement très émue. Ce fut notamment le cas lorsqu’elle rappela que la Maison Blanche, avant d’être occupée par une famille de Noirs, avait été construite par des esclaves. Michelle Obama a plaidé pour la poursuite de la politique de son mari.
Pour ce premier jour de convention, les démocrates ont certes pris soin de montrer une Amérique de toutes les couleurs, de tous les genres et de toutes les religions. Mais le véritable moment crucial de cette journée fut le passage à la tribune d’un homme blanc : Bernie Sanders. Et à l’inverse de Ted Cruz, candidat malheureux de la primaire républicaine qui avait gâché la fête de la convention de son camp, le sénateur du Vermont a joué le jeu, plaidant clairement pour une victoire de son ancienne rivale : « Si l’on se réfère à ses idées et à son leadership, Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis », a-t-il assuré.
« Clinton comprend que notre diversité est l’une de nos plus grandes forces »
« Hillary Clinton sera une présidente exceptionnelle et je suis fier d’être à ses côtés ce soir », a encore dit Bernie Sanders, quitte à provoquer des huées parmi les délégués le soutenant. « Hillary Clinton comprend que notre diversité est l’une de nos plus grandes forces », considère le sénateur, jouant sur le contraste avec M. Trump. « Hillary Clinton comprend que si quelqu’un en Amérique travaille 40 heures par semaine, il ne devrait pas vivre dans la pauvreté (…) Hillary Clinton écoute les scientifiques », a-t-il martelé.
De nombreux observateurs s’interrogeaient : Bernie Sanders allait-il vraiment se ranger aux côtés de Mme Clinton ? Etait-il en mesure de faire évoluer ses partisans les plus remontés ? La réponse est oui. Bernie Sanders a dressé le portait d’une femme politique qu’il connait depuis 25 ans, d’une avocate acharnée des droits des femmes et des enfants. Il a su déposer les armes avec élégance et une force de conviction étonnante, analyse notre envoyée spéciale à Philadelphie, Anne-Marie Capomaccio. Ce mardi, ce sera au tour de Bill Clinton de s’exprimer. Puis les délégués voteront et Mme Clinton repartira de Philadelphie en candidate. Elle est la première femme de l’histoire à parvenir aussi près de la Maison Blanche.
■ Témoignage
Certains délégués soutenant le sénateur du Vermont ne savent toujours pas s’ils voteront en faveur d’Hillary Clinton en novembre. Mais pour la majorité, le doute n’est pas permis. Ray McKinnon, délégué démocrate pro-Sanders de Caroline du Nord, s’exprime au micro de notre second envoyé spécial à Philadelphie, Romain Lemaresquier :
« Je vais voter pour le sénateur Bernie Sanders, c’est ce que je dois aux milliers de personnes qui ont voté en ma faveur pour que je vienne ici. Donc, je voterai en faveur du sénateur et ensuite, je soutiendrai celui qui sera nominé par le parti. Si c’est Hillary Clinton qui doit être intronisée, je voterai pour elle. Je ferai tout mon possible pour qu’elle s’impose, parce que ce pays ne peut pas se permettre d‘avoir un démagogue comme Donald Trump comme président. On ne peut pas se le permettre, on ne peut pas le choisir. On ne peut pas avoir plus de haine et d’intolérance. C’est ça, ce qu’il amènerait. Donc, si Hillary remporte la nomination, je ferai absolument tout mon possible pour qu’elle soit élue. Tout comme le sénateur a dit qu’il le ferait. »
Avec Rfi