Une femelle chimpanzé d’un zoo Australien a adopté le petit d’une autre femelle décédée quelques temps auparavant. C’est la première fois que ce comportement est observé en captivité.
ADOPTION. Soona, une femelle chimpanzé duzoo de Monarto en Australie, est morte en couche le vendredi 9 octobre 2015. Son petit, Boon, a survécu. Après avoir reçu les soins d’un mâle, le jeune chimpanzé a été adoptée par une femelle du nom de Zombi, elle-même enceinte. Encore plus troublant : Zombi avait veillé la mère de Boon pendant que celle-ci mourrait. Quelques jours après, Zombi accouchait de son propre petit… L’adoption chez les chimpanzés reste un phénomène très rare dans la nature et qui n’avait encore jamais été observé en captivité. Une étudepubliée sur PLOS ONE indique que la captivité est un frein à l’altruisme chez les animaux. La nourriture (qui est généralement le stimulus déclencheur d’actes généreux) étant disponible en grande quantité, les animaux ne ressentent pas le besoin de la partager avec un tiers. Protéger un animal considéré comme plus faible est également une motivation pour l’entre-aide. La sécurité des animaux dans un zoo est malgré tout nettement plus élevée que dans la nature car il n’y a pas de prédateur, d’où la quasi-absence de comportements altruistes et jusqu’ici, l’absence totale d’adoption.
Et les adoptions dans la nature ?
Dans l’étude précédemment citée, les chercheurs ont étudié plusieurs cas d’adoption au parc National de Taï situé à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Mais ces événements restent malgré tout rares. En effet, l’adoption est coûteuse pour l’animal qui adopte. Tous les bénéfices reviennent apparemment à l’adopté. Hamilton, un célèbre sociobiologiste, a énoncé deux lois qui peuvent expliquer ces comportements. Le bénéfice d’un acte altruiste n’est pas visible mais il existe. En effet, l’acte est compensé par la survie de l’individu aidé si celui-ci est lié génétiquement au donneur. Autrement dit, dans sa démarche de protection, le donneur va en réalité veiller à la pérennité de son patrimoine génétique mais de manière détournée. La seconde loi estime que l’acte de bienveillance pourra être remboursé si plus tard l’animal qui a été protégé aide en retour son gardien. C’est ce qu’on appelle la réciprocité. Dans ce cas là, une liaison génétique n’est pas indispensable entre les deux individus. L’adoption relève de la première loi si le petit a des liens génétiques avec l’adoptant. Chez les chimpanzés vivant dans la nature, elle va permettre d’augmenter de manière drastique les chances de survie du juvénile grâce à la protection dans les conflits de la colonie de singes mais aussi par l’apport de nourriture. Sans un protecteur, le petit a très peu de chance de survie. Les chimpanzés sont totalement dépendants de leur mère jusqu’à l’adolescence. Dans le cas où les deux singes n’ont pas de liens génétiques, l’adoption va permettre à l’adulte de se faire un nouvel allié ; il pourra se montrer utile quand l’adoptant sera devenu trop âgé pour se défendre seul. Mais plusieurs cas anecdotiques de coopération entre animaux restent difficiles à expliquer. L’histoire de Boon et Zombi en est la preuve.
avec scienceetavenir