Les personnes noires dans l’Union européenne rencontrent de nombreuses difficultés pour trouver un logement ou un emploi en raison de leur couleur de peau, selon les conclusions d’une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE publiée mercredi 28 novembre. 30 % des 6 000 personnes interrogées disent avoir déjà subi un harcèlement à caractère raciste.
Le rapport « Être noir dans l’UE » (Being Black in the EU) révèle les nombreuses difficultés auxquelles les populations noires doivent faire face. Selon une enquête de la FRA, l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, 30 % des personnes interrogées déclarent avoir subi au cours des cinq dernières années d’un acte à caractère raciste. 5 % rapportent avoir été agressées physiquement.
La FRA a publié mercredi un rapport présentant une enquête menée auprès de 6 000 personnes « d’ascendance africaine » dans 12 États membres de l’UE. Il s’agit d’une sélection de résultats au sein de sa deuxième enquête à grande échelle sur les migrants et les minorités (EU-MIDIS II).
Les disparités entre pays peuvent être importantes. Par exemple, 63 % des personnes noires disent avoir été victimes « d’agressions motivées par la haine » en Finlande, 51 % en Irlande, 48 % en Italie, 41 % en Suède et au Danemark, 23 % au Portugal et 21 % au Royaume-Uni.
En France, elles sont 32 % à dire avoir subi ce type de racisme.
Discrimination dans l’accession au logement
La discrimination a des conséquences concrètes selon les personnes interrogées, notamment dans le logement. Selon l’enquête, 14 % d’entre elles affirment que des propriétaires privés ont refusé de leur louer un logement. De plus, seules 15 % des personnes noires interrogées sont propriétaires d’un logement, contre 70 % de la population générale de l’UE.
« Au XXIe siècle, il n’y a pas d’excuse à la discrimination raciale. Cependant, dans l’Union européenne aujourd’hui, les personnes noires restent fréquemment confrontées à la discrimination et au harcèlement, simplement en raison de leur couleur de peau », déclare Michael O’Flaherty, directeur de la FRA.
« Les résultats de cette enquête de victimation montrent la réalité d’une discrimination largement répandue sur la base de la couleur de peau », estime Dominique Sopo, président de SOS Racisme. « À cet égard, tous les outils doivent être mobilisés pour lutter contre le fléau du racisme, que ce soit la lutte contre les préjugés ou l’outil judiciaire qui vient rappeler ce qu’est la loi commune – fondée sur l’égalité de traitement – mais également ce qu’encourent celles et ceux qui l’enfreignent. »
24 % des Noirs contrôlés par la police
« La discrimination raciale et le harcèlement sont monnaie courante », écrit la FRA dans son communiqué. Les expériences de violence raciste varient considérablement d’un pays à l’autre. L’Agence européenne pointe aussi le profilage discriminatoire pouvant être réalisé par la police. 24 % des personnes interrogées disent avoir été contrôlées par la police au cours des cinq dernières années.
Parmi celles-ci, 41 % ont estimé que le contrôle effectué représentait un profilage racial. La FRA estime que « ces contrôles sapent la confiance dans le maintien de l’ordre et nuit aux relations entre les communautés. »
Pas de statistiques ethniques en France
Pour rappel, en France, il n’y a pas de statistiques ethniques, car cet outil de comptage est sujet aux débats. L’article 1er de la Constitution de 1958 « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». S’ajoute à cela la loi du 6 janvier 1978, dite « loi informatique et libertés » qui interdit de recueillir et d’enregistrer des informations faisant apparaître, directement ou non, les origines « raciales » ou ethniques, et les appartenances religieuses des personnes.
Selon Dominique Sopo, revenir sur le « passé esclavagiste et colonial » de la France permettrait à la société de « dépasser les préjugés mais également les inégalités qui en sont issues ».
Avec ouest-france