Quand la réalité dépasse la fiction ! Les romanciers et les cinéastes ont tenté d’imaginer des tas d’histoires du genre de celle de Victor Bout, mettant en scène un pays totalitaire et très méchant aux prises avec le héros. Ces films ou ces romans ne sont presque jamais vraiment crédibles, parce que le héros est toujours américain et le pays totalitaire est un pays asiatique ou sud américain quelconque. Sauf que dans la réalité, celle de Victor Bout, c’est l’inverse. Le méchant, le totalitaire, c’est les Etats-Unis, et le héros, un Russe. Enlèvement, séquestration, jugement bidon, harcèlement, tout y est. Peut-être même aurons-nous bientôt un échange de prisonniers comme au bon vieux temps des films en noir et blanc sur la guerre froide. RI
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En mars 2008 un citoyen russe était kidnappé en Thaïlande par les services secrets américains, puis rapidement extradé aux USA, où il a été condamné en 2012 à 25 ans de prison. Il est détenu aujourd’hui au « Supermax » du Colorado, prison à sécurité maximum, aux côtés notemment de terroristes islamistes.
Viktor Bout était un « marchand d’armes » comme le monde en compte plusieurs. Le commerce d’armes est en effet légal, tant qu’on ne viole pas les lois internationales. Plusieurs pays, dont la France, l’Angleterre, les USA, ont d’ailleurs fait appel à lui pour des transports de.. marchandises…Le FBI et la DEA, dont les succès se font de plus en plus rares, sont souvent obligés de monter des provocations pour faire « tomber » leurs cibles. Bout était semble-t-il une cible de choix, puisque ancien officier dans les services secrets russes et ayant un succès commercial certain, il servait les intérêts de la Russie, vendant essentiellement des armes russes. Le FBI a donc organisé un « faux achat » d’armes, et lors d’une discussion entre les faux acheteurs (mais vrais agents de la DEA) et Viktor Bout, a arrêté ce dernier en déclarant que les acheteurs étaient censés être membres d’un mouvement terroriste (les FARC colombiennes), à qui donc les ventes d’armes sont interdites. On sait bien que seule la Maison Blanche et la CIA ont le droit de vendre à des terroristes, comme actuellement ils le font en Syrie…
Une fois Viktor emprisonné en Thaïlande, les USA ont effectué les pires pressions sur les autorités thaïes pour que Bout soit extradé aux USA, et ils ont bien sûr eu gain de cause en 2010.
La condamnation à 25 ans de prison n’a été qu’une formalité pour un grand jury de Manhattan, devant le monceau de « preuves » de bonne fabrication fournies par l’administration américaine.
Les USA on le sait, ont un système judiciaire qui permet de multiples recours qui prennent des années, ce qui fait d’ailleurs vivre confortablement des milliers d’avocats. Victor Bout a refusé d’entrer dans ce petit jeu, car les résultats étaient évidents: victime d’une manipulation organisée au sommet de l’Etat US, il était certain que tous ses recours seraient rejetés, et il n’a donc pas interjeté appel de sa condamnation. L’autre raison, principale en fait, était que Viktor, soutenu très activement par son épouse et sa famille, espérait ainsi pouvoir être envoyé purger sa peine en Russie.
Las. Toutes les demandes officielles faites par la Russie ont été rejetées, et cela s’explique sans nul doute par la très nette détérioration des relations entre la Russie et les USA.
Il y a quelques mois, on a pu avoir un nouvel espoir, suite à une résolution des Nations Unies (que nous ne détaillerons pas ici, cela sort du cadre de l’article), qui apportait de façon claire certains éléments qui permettraient un nouveau procès pour Viktor Bout. Une requête en ce sens a donc été formée aux USA et une audience a été programmée au 2 novembre prochain.
Or, aujourd’hui 27 octobre, le juge saisi a rendu un arrêt disant simplement qu’il refuse d’étudier la requête.
Il est évident que non pas des pressions, mais bien des ordres, ont été donnés par le gouvernement US pour qui il n’est pas question, dans le climat actuel de quasi-guerre avec la Russie, de permettre à un officier russe d’être libéré.
Il semble que toutes les options légales aient été tentées, et que le gouvernement US reste insensible aux contacts avec les autorités russes sur ce sujet.
En avril dernier, le Comite d’Enquête de Russie a ouvert une information pour enlèvement, séquestration et torture, contre 11 agents de la DEA américaine impliqués dans l’enlèvement en Thaïlande de Viktor Bout.
Devant cette situation sans issue, devrait-on envisager une autre solution? On se souvient tous des échanges d’«espions » entre Russie et USA, il y a encore quelques années à peine…
PS. Pour la petite histoire, Nicolas Cage a incarné Viktor Bout dans le film « Lord of war », et Gérard de Villiers a mis en scène une partie de l’affaire dans un de ses « SAS », « Le piège de Bangkok »
source: https://jeanfouche.wordpress.com/2015/10/27/un-prisonnier-politique-russe-aux-etats-unis/#more-452