En 2013, Pierre Gattaz, alors président de l’organisation patronale, avait fait ce pari en échange de mesures gouvernementales favorables aux entreprises. Pour quel bilan?
Alors que débute ce mardi la traditionnelle université d’été du Medef, le gouvernement a tenu à marquer le coup. Pas moins de neuf de ses membres -dont six ministres- accompagneront en effet Édouard Philippe à Jouy-en-Josas (Yvelines) pour assister à la grand-messe du patronat. Le Premier ministre devrait notamment vanter l’action de ses troupes en faveur des entreprises, en cette rentrée placée sous le signe du social et de l’économie.
L’occasion aussi, peut-être, de rappeler le Medef à ses promesses, en particulier celles de Pierre Gattaz. Fin 2013, le désormais ex-président du syndicat patronal avait fait miroiter la création d’un million d’emplois sur 5 ans, en contrepartie d’une politique plus “business friendly”. Un engagement pas vraiment gravé dans le marbre, mais immortalisé par un pin’s que le dirigeant arborait fièrement lors de ses sorties.
Près d’un million d’emplois créés
Quatre ans après, le compte n’y est pas vraiment. Bien sûr, l’économie française a créé près de 700.000 emplois nets depuis le début de l’année 2014, et l’objectif d’un million d’ici à la fin de l’année est encore possible. Mais il est extrêmement peu probable qu’il soit atteint. Le chiffre de 850.000 apparaît plus raisonnable. De quoi se réjouir de ce quasi succès? Pas vraiment.
Car le gouvernement précédent, de son côté, a rempli sa part du contrat. Les ménages, par le biais d’une hausse de la TVA, ont financé le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Plusieurs milliards d’euros d’allègements de charges ont également été concédés, créant au passage une fracture au sein de la majorité. La loi El Khomri réformant le code du travail apparaissant comme le dernier d’une longue série de gestes vers les entreprises.
Au tour des entreprises de jouer?
Mais certains observateurs estiment que ces dernières n’ont pas vraiment joué le jeu. Ou en tout cas, pas encore, beaucoup d’entre elles ayant préféré restaurer leurs marges plutôt qu’embaucher directement. Résultat, comme l’explique l’éditorialiste Emmanuel Lechypre, les créations d’emplois se sont contentées d’ “accompagner” la croissance, qui a repris des couleurs à la fin du quinquennat précédent.
Fort d’un début de mandat résolument tourné vers les entreprises, Emmanuel Macron pourrait donc solliciter l’appui du Medef, au moment où pointent des signes de ralentissement de l’économie, et où certaines réformes –celle portant sur les retraites, pour ne citer qu’elle– sont promises à une vive contestation.
C’est précisément le message que pourrait faire passer mardi le Premier ministre à Geoffroy Roux de Bézieux… qui se serait peut-être bien passé d’un tel héritage.
Avec bfm