Un adolescent américain affirme avoir réussi à pirater le compte email personnel de John Brennan, le patron de la CIA, et d’y avoir découvert des documents sensibles. Il assure avoir agi par solidarité avec le peuple palestinien.
Le FBI et le Secret Service américain se sont mis, lundi 19 octobre, à la poursuite d’un “adolescent américain” qui affirme avoir piraté le compte email personnel du patron de la CIA, John Brennan. L’individu recherché a expliqué, sur son compte Twitter et à plusieurs médias américains, avoir agi par solidarité pour la cause palestinienne et pour inciter les États-Unis à cesser de “soutenir financièrement Israël”.
Ce cyber-pirate s’est d’abord vanté de son exploit auprès tabloïd américain “New York Post“, lundi 19 octobre. Ce pirate informatique, qui affirme avoir agi avec deux “camarades de classe” qui forment avec lui le groupe de pirates CWA (“Crackers With Attitude”), aurait mis la main sur plusieurs documents sensibles en explorant le compte AOL du patron de la CIA. Il aurait ainsi eu accès à la liste de contacts de John Brennan et aux informations personnelles d’une dizaine d’éminents agents de la CIA. Il assure avoir aussi lu des documents sur l’Afghanistan et l’Irak.
“Complexité 1”
Le pirate informatique a également posté sur son fil Twitter des captures d’écran des paramètres du compte AOL de sa victime supposée et une liste de contacts au sein de l’administration assortie d’informations plus ou moins personnelles sur chacun d’eux (ancien employeur, niveau de sécurité de l’accès). Une rapide recherche sur Internet fait apparaître que certains d’entre eux ont rejoint le privé depuis plusieurs années, indiquant que le document n’est pas récent.
Le jeune homme, qui a affirmé à CNN être âgé de moins de 22 ans, a expliqué n’avoir eu aucun mal à accéder à ces informations. “Sur une échelle de difficulté de 1 à 10, j’évalue le niveau de complexité à 1”, a-t-il fanfaronné. Il lui a suffi de tromper la vigilance d’un employé de Verizon – avec qui le patron de la CIA a un contrat téléphonique – pour réussir à s’installer aux commandes du compte de John Brennan, a-t-il détaillé au site Wired. L’un de ses complices a réussi à convaincre par téléphone un employé de l’opérateur américain de lui transmettre les données personnelles de John Brennan. Comment ? En se faisant passer lui-même pour un salarié de Verizon qui avait un besoin urgent de ces informations. Ces détails personnels ont ensuite été utilisés pour se connecter au compte AOL du maître des espions américains.
Pétard et 2 000 milliards de dollars
Mis en cause, Verizon n’a pas commenté les allégations du jeune pirate informatique. La CIA, de son côté, a reconnu avoir vu passer les détails de l’affaire sur les réseaux sociaux, mais n’a pas voulu confirmer le piratage. Un porte-parole de l’agence s’est contenté de préciser que l’information avait été transmise aux autorités compétentes (FBI et Secret Service).
Plusieurs internautes doutent cependant de la véracité de ces affirmations. Certains peinent à concevoir que le patron de la CIA transfère des informations sensibles sur une adresse de messagerie privée peu protégée. Une mésaventure qui est, certes, arrivée à la candidate démocrate à la présidentielle de 2016 Hillary Clinton -elle a essuyé de vives critiques pour avoir utilisé une messagerie personnelle alors qu’elle était secrétaire d’État- mais à sa différence, John Brennan dirige une agence réputée pour sa discrétion.
Le jeune cyber-pirate explique aussi son engagement pour la cause palestinienne. Auprès de CNN, il précise qu’il “n’est pas un terroriste mais un jeune blanc” choqué par la mort d’innocents. Il n’est même pas musulman, souligne-t-il au “New York Post”. Cependant, son profil Twitter laisse penser le contraire. Il a inscrit : “Il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah et Mohamet est son messager”
Le jeune homme a multiplié les déclarations dans les médias, apparaissant comme un personnage vantard et peu crédible. “Je suis un lycéen, j’aime fumer des pétards et j’aurais pu pirater le compte de John Brennan même en étant défoncé”, a-t-il ainsi affirmé à CNN. Il a aussi expliqué à Wired s’être “amusé” à appeler plusieurs fois John Brennan ces derniers jours pour, notamment, demander une rançon de “2 000 milliards de dollars [pour libérer le compte, NDLR]… mais juste pour rigoler”. Enfin, il prévient sur son compte Twitter que si le FBI remonte sa piste, il est prêt à “fuir en Russie, pour [se] détendre avec Edward Snowden”.
Avec france24