La Commission européenne recommande aux 27 pays membres de l’Union européenne (UE) à rouvrir leurs frontières intérieures pour sauver les vacances d’été de millions d’Européens et empêcher un naufrage du secteur touristique, complètement à l’arrêt depuis la crise du coronavirus.
Après le repli sur soi de nombreux pays européens, avec fermeture des frontières nationales et suspension des liaisons aériennes, la Commission européenne veut inciter ses membres à lever progressivement les contrôles et restrictions mis en place pour faire face au coronavirus. « Cela ne va pas être un été normal… Mais si nous faisons tous des efforts, nous n’aurons pas à passer l’été bloqués à la maison ou l’été ne sera pas complètement perdu pour l’industrie touristique« , a déclaré hier la vice-présidente exécutive de la Commission, Margrethe Vestager, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
Rappelant le poids du secteur du tourisme au sein de l’Union européenne -10 % de son PIB et 12 % des emplois-, la Commission européenne propose un ensemble de recommandations : une approche commune pour permettre la libre circulation des personnes; le rétablissement des transports et des services touristiques tout en respectant les règles de sécurité sanitaire.
Elle prône une réouverture des frontières intérieures de l’UE de « façon concertée« , « la plus harmonieuse possible » et « non discriminatoire« . Lorsque des pays sont dans une situation épidémiologique comparable et ont adopté les mêmes mesures de précaution, ils doivent être traités de la même façon. En clair, si un pays A ouvre ses frontières avec un pays B, il doit aussi le faire avec son voisin C si ce dernier est dans la même situation sanitaire que B. De même, quand un État ouvre ses frontières avec un autre, il doit le faire pour tous les habitants de ce pays, qu’ils en aient la nationalité ou pas. Il s’agit toutefois de simples recommandations puisqu’il appartient aux États membres de décider comment ils veulent protéger leur territoire.
Pour regagner la confiance des usagers, la Commission européenne a aussi rappelé que les passagers aériens ont toujours droit au remboursement en numéraire des billets des vols annulés, comme le prévoit le règlement européen n°261/2004, alors que bon nombre de compagnies aériennes proposent, à l’heure actuelle, uniquement des avoirs à utiliser sur un vol ultérieur.
Le droit absolu à être remboursé en espèces est donc maintenu, et le remboursement doit intervenir une à deux semaines après la demande, a souligné le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders. « Il faut penser à la personne qui ne peut pas reporter son voyage, ou celle qui a peut-être désormais besoin de cet argent. C’est justement en cas de crise que le consommateur a besoin de garantie« , a-t-il ajouté.
« De facto, ce droit est bafoué par nombre de grandes compagnies européennes qui conservent l’argent des clients au lieu d’avoir recours aux emprunts bancaires. Ces compagnies accablent les agences de voyages par des procédures d’émission d’avoir obligatoires qui sont aussi illégales que chronophages. Ce temps de travail obligatoire sera-t-il rémunéré aux agences ? On estime que ça va leur coûter des dizaines d’euros par passager alors qu’elles ont déjà perdu 90% de leur chiffre d’affaires. Les avoirs Air France, alias EMD dans le jargon aérien sont les plus coûteux à exploiter« , déclare Fabrice Dariot, fondateur du comparateur de vols Bourse-des-vols.com, rappelant que les professionnels du voyage sont également impactés.