Il savait que le combat était perdu d’avance. Vincent Bolloré n’a finalement pas demandé la nomination d’administrateurs lors de l’assemblée générale des actionnaires d’Ubisoft, qui s’est tenue jeudi 29 septembre au Novotel de la porte de Bagnolet, en périphérie de Paris.
L’homme d’affaires breton, devenu le premier actionnaire de l’éditeur de jeux vidéoavec 22,8 % du capital et 20,2 % des droits de vote, en avait pourtant exprimé le souhait cet été et pouvait encore le faire en séance ce jeudi. Il n’en a rien été.
Signe qu’il ne se passerait rien, ni Vincent Bolloré ni Arnaud de Puyfontaine n’avaient fait le déplacement. A la place, Vivendi avait envoyé deux de ses membres, dont François Bisiaux son directeur en droit boursier.
Pendant la traditionnelle séance de questions-réponses, les représentants de Vivendi n’ont pas pris la parole. En signe de leur contestation, ils se sont abstenus sur l’ensemble des résolutions proposées par le conseil d’administration, confisquant un quart des votes.
Résultat, trois résolutions portant sur l’attribution d’actions gratuites aux salariés n’ont pas été adoptées. Voilà qui ne devrait pas faire remonter l’image de Vincent Bolloré chez Ubisoft.
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Une première victoire
Pour Yves Guillemot, cofondateur avec ses frères, et PDG d’Ubisoft, ce retrait en rase campagne constitue une première victoire : « Nous avons gagné une bataille importante pour la société. Nos actionnaires nous ont bien soutenus. C’est réconfortant pour la suite, s’est félicité le PDG. On peut déplorer que Vivendi se soit abstenu. On voit bien qu’un acteur ne va pas dans le sens de l’entreprise. »
Après avoir prétendu vouloir instaurer un rapport amical, Vivendi s’est montré plus ferme dans un communiqué diffusé après l’assemblée générale : « Vivendi considère qu’il serait de bonne gouvernance d’être représenté au conseil eu égard à sa participation au capital de l’entreprise et, en attendant, s’est abstenu lors du vote des résolutions. Cette situation a entraîné l’échec de [trois] résolutions présentées par le conseil », a indiqué le groupe, laissant entendre qu’il avait fait obstruction dans un esprit de représailles. L’an prochain, il a rappelé qu’il bénéficierait d’un droit de vote double.
Comment expliquer un tel retournement de situation ? Ces dernières semaines, les frères Guillemot avaient à la fois racheté des parts et démarché les actionnaires pour les convaincre de le soutenir. Avec un certain succès puisque la plupart ont voté pour lui. Vivendi savait qu’il n’aurait pas la majorité.
Il faut dire que les fonds, comme Fidelity, n’ont pas intérêt à laisser Vincent Bolloréprendre le pouvoir de manière rampante, en se faisant une place au conseil. Cela reviendrait pour ce dernier à prendre le contrôle d’un groupe sans payer de prime. C’est ainsi qu’il contrôle Vivendi avec seulement 15 % du capital ou Telecom Italia avec 25 %.
avec lemonde