Les prix de certains produits subventionnés par le gouvernement tunisien vont connaître une légère augmentation dans les semaines à venir. D’après Ridha Saidi, conseiller économique du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, le gouvernement prévoit de maintenir les subventions à un niveau stable en 2018. Mais selon lui, cette prévision des autorités de Tunis signifiera de légères augmentations de prix pour certains produits subventionnés, compte tenu d’une hausse attendue des prix du pétrole à laquelle les subventions maintenues ne correspondront pas.
« Le prix du pain va augmenter d’au moins 10 millimes (environ un demi cent américain, ndlr), ou peut-être un peu plus que cela (…) Il y a une intention d’ajuster progressivement le prix du thé et du café », a déclaré le responsable. Une première augmentation du prix du pain depuis la révolution en 2011.
Cette nouvelle vient confirmer les difficultés du gouvernement tunisien qui peine à se redresser économiquement. Suite à la forte chute de sa monnaie, le dinar tunisien, les importations sont devenues de plus en plus chères pour le pays. Pour pallier aux divers manquements, le projet de loi de finances 2018 qui est actuellement sujet à débat au Parlement, en dehors de la stabilisation des subventions sur certains produits, prévoit des augmentations de taxes et de cotisations de sécurité sociale. Une mesure contestée par les associations professionnelles.
Une annonce qui risque de faire polémique
Cette annonce de Ridha Saidi vient contredire une déclaration du ministère tunisien du commerce qui date d’un mois. Fin octobre dernier, alors que les citoyens tunisiens craignaient une augmentation du prix du pain, le chargé de communication au ministère tunisien du commerce Monôm Bakari, dans une déclaration à la radio Shems FM, avait appelé à éviter la panique. « Contrairement aux informations véhiculées par les médias, le ministère n’envisage aucune variation au niveau des prix des biens subventionnés dont notamment le pain », avait-t-il dit. Selon lui, le gouvernement tunisien n’avait donc aucune intention, d’augmenter les prix des produits subventionnés mais pourrait réviser le système de subvention. « La révision du système de subvention n’entraînera pas automatiquement une hausse des prix » avait expliqué le responsable. Une sortie médiatique qui intervient suite à l’intervention du ministre tunisien du commerce, Omar Behi, qui a indiqué, au journal Le Maghreb que le prix du pain pourrait connaître une augmentation dans un futur proche. Les Tunisiens n’oublient pas les ”émeutes du pain” en décembre 1983 – janvier 1984, qui ont suivi une augmentation du prix du pain et déclenché une révolte.
Pourtant, une étude menée par l’INC en 2016 a révélé qu’environ 900 mille pains sont jetés tous les jours en Tunisie, pour un coût évalué à 300 mille dinars soit environ 100 millions de dinars chaque année. Un gâchis alimentaire que le pays va devoir maintenant combattre en mettant en place une stratégie de rationalisation de la consommation.
La tribune Afrique