Ce programme de prêts, d’une durée de cinq ans, vise à “restaurer la croissance économique et à stimuler la création d’emplois”, a indiqué l’institution internationale dans un communiqué. Ces engagements représentent une hausse significative par rapport à la période 2011-2015 durant laquelle, ils ont atteint environ 1,8 milliard de dollars.
Le conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé le mercredi 17 mai un nouveau « cadre de partenariat-pays » en faveur de la Tunisie. Ce programme fixe les grands axes de la coopération entre l’institution de Bretton Woods et le pays d’Afrique du Nord sur la période 2016-2020.
Dans un communiqué, le groupe de la banque mondiale indique que la nouvelle stratégie adoptée pour la Tunisie « prévoit un montant de prêts pouvant aller jusqu’à 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années », confirmant ainsi un chiffre évoqué fin mars par le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, en visite dans le pays.
Les prêts prévus dans le cadre de ce nouveau partenariat viseront notamment à « restaurer la croissance économique et stimuler la création d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes ainsi que pour les régions défavorisées », explique le communiqué du groupe de la Banque mondiale.
Ce nouveau soutien financier est en très nette progression par rapport aux engagements de la période 2011-2015. Selon une note interne de la Banque mondiale, datant d’octobre 2015, le « niveau de financement […] mis à disposition de la Tunisie au cours des cinq dernières années a légèrement dépassé 1,8 milliard de dollars ». Toujours selon le même document, le montant pour les exercices 2016 et 2017 pourrait atteindre 1,5 milliard de dollars et et 1,3 milliard de dollars respectivement. Tandis que les volumes de prêts pour la période 2018-2020 « dépendront de la performance du pays, des améliorations du climat d’investissement et de la perception des investisseurs, de la capacité de prêts de la BIRD [Banque internationale pour la reconstruction et le développement, ndlr], de la demande d’autres emprunteurs de la Banque, et des évolutions économiques mondiales ».
Dans une intervention ce mercredi sur la radio tunisienne Express FM, Eileen Murray, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie, a indiqué que ces prêts devraient être plutôt de l’ordre de 1 milliard de dollars par an sur la période 2016-2018.
Un contexte difficile pour la Tunisie
L’appui de l’institution dirigée par l’Américain Jim Yong Kim intervient dans un contexte économique et sécuritaire difficile pour la Tunisie. La croissance économique est tombée en dessous de 1% l’an dernier, en raison principalement de la chute brutale du secteur touristique causée par les attaques terroristes du Bardo et de Sousse au premier semestre 2015.
Le pays subi aussi les conséquences du chaos en Libye et est devenu « la plus importante source de combattants étrangers rejoignant l’État Islamique et d’autres groupes extrémistes en Syrie et en Irak, avec une estimation de 3 000 Tunisiens (la plupart d’entre eux sont des hommes de moins de 30 ans) » dans les rangs de l’organisation terroriste, rappelle la note de la Banque mondiale.
Aussi, l’appui renforcé de l’institution multilatérale vise non seulement à renforcer l’économie tunisienne, à soutenir la transition politique mais également à lutter contre les tensions sociales crées par le chômage massif des jeunes (30 % contre une moyenne nationale de 15,4 %) et dans les régions du centre et du sud du pays où le taux de chômage atteint 31 % à 48 % de la population.
La Tunisie : un « bien public » régional et mondial
« Les partenaires internationaux ont réitéré leur engagement à soutenir la Tunisie à la réunion du G8 tenue en septembre 2015, percevant le développement et la stabilité en Tunisie comme un bien public à la fois pour la région MENA et la communauté internationale. Les partenaires internationaux sont particulièrement désireux d’assurer que la Tunisie ne soit pas minée politiquement ou économiquement par les attaques terroristes », souligne la note de la Banque mondiale.
Le programme de financement validé le 17 mai concerne l’ensemble des branches du groupe de la Banque mondiale, notamment la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui apporte des financements au secteur public, l’Association internationale de développement (IDA), spécialisée dans la lutte contre la pauvreté, la Société Financière Internationale (IFC) dédiée au secteur privé, et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA).