Les États-Unis ont tenté de s’assurer le soutien de la Russie dans leur confrontation contre l’Iran et la Chine. C’est, du moins, ce que l’on pourrait déduire des pourparlers qui ont eu lieu lundi entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Helsinki.
Pendant leur allocution d’ouverture, les dirigeants russe et américain ont présenté l’ordre du jour du sommet historique qui, sans surprise, reflétait tous les «points douloureux» du monde d’aujourd’hui, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Cependant, le locataire de la Maison blanche a évoqué le thème de la Chine dès l’introduction, ce qui a été perçu par les experts comme une volonté de faire de Poutine un partenaire dans les guerres commerciales américaines.
«Le moment est venu de parler substantiellement de nos relations bilatérales et de différents points douloureux dans le monde: ils sont suffisamment nombreux pour y prêter attention», a déclaré le chef de l’État russe pendant l’échange de salutations avec son homologue américain. Ces dernières années, ces «points douloureux» pour le monde et pour les relations russo-américaines sont le conflit armé dans le sud-est de l’Ukraine, la crise syrienne et le problème des armements.
«Nous avons de très nombreux thèmes à évoquer — des thèmes très intéressants, à commencer par les questions telles que le commerce, les échanges, les problématiques militaires, ainsi que les dossiers liés à la Chine et à la politique nucléaire. Nous parlerons de notre ami commun Xi (le Président chinois Xi Jinping, ndlr)», a indiqué Donald Trump. Et d’ajouter qu’il percevait dans cette rencontre une «immense opportunité» de normaliser les relations bilatérales.
La mention de la Chine et de l’«ami commun Xi» prête à penser que le Président américain s’est rendu en Finlande notamment pour s’assurer du soutien du dirigeant russe dans le refrènement des ambitions de Pékin. Comme cela a été rapporté plusieurs fois, le locataire de la Maison blanche voulait transmettre le même message à Vladimir Poutine concernant la «menace iranienne» à cause de laquelle l’administration américaine a non seulement rompu l’accord nucléaire multilatéral malgré la protestation des pays européens, mais également annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran. A présent, le principal objectif de Washington consiste à priver l’Iran de ses revenus pétroliers. Tout pays qui transgresserait cette exigence subirait des sanctions américaines unilatérales. Le problème iranien concerne également la Russie, compte tenu de l’étroite collaboration entre Moscou et Téhéran en Syrie.
Force est de constater que la plupart des dossiers ne peuvent pas conduire à des accords rapides et consistants entre la Russie et les USA, à l’exception du conflit syrien. Même le secteur de la stabilité stratégique, pour lequel la Russie a présenté à Helsinki sa liste d’initiatives, paraît sans issue aux yeux des experts.
En prévision du sommet d’Helsinki, l’administration Trump a subi une très forte pression dans le cadre de l’«enquête russe» sous la direction du procureur spécial Robert Mueller. 12 agents russes du renseignement militaire ont été accusés d’ingérence dans la présidentielle américaine de novembre 2016. Contre toute attente, Vladimir Poutine a proposé aux USA de faire une demande officielle d’extradition, n’excluant pas que des représentants américains puissent participer à l’interrogatoire des «agents». Mais cela serait fait uniquement si les USA collaboraient dans l’interrogatoire sur l’affaire Hermitage Capital. Mais il est peu probable que les Russes liés à ce cas soient délivrés.
Le sommet d’Helsinki a probablement déterminé le plan d’action que devront suivre les diplomates russes et américains ces prochaines années. Durant la conférence de presse à l’issue de la rencontre avec Donald Trump, le Président russe a suggéré l’idée de créer un conseil d’experts russo-américain chargé de formuler la «philosophie de la construction des relations bilatérales à long terme».
Avec sputnik