«Savez-vous dormir ?» C’est ainsi que Laurent Combalbert, cofondateur de l’Agence des ­négociateurs, entame ses formations. Pour cet ancien du Raid, la question n’a rien d’incongru. «Au travail, l’énergie qu’on
déploie revêt une importance cruciale, souligne-t-il. Or elle est lar­gement déterminée par notre ca­pacité à bien dormir.» Et, en la matière, la chronobiologie peut nous être d’une grande aide.

Démarrez en douceur. Cette science étudie nos rythmes biologiques. Ceux-ci dépendent de deux mécanismes : la pression de sommeil – notre envie de dormir – et le système circadien. Inversement proportionnelle aux performances intellectuelles et physiques, la première, basse au réveil, croît pendant la journée pour atteindre son maximum à l’heure du coucher. Elle augmente aussi après le déjeuner. Pour être efficace, calez vos activités sur ce rythme : évitez, par exemple, les brainstormings en début ou en fin de journée. Préférez la lecture d’un journal pour commencer en douceur la matinée. «Après le déjeuner, une sieste de vingt minutes – précédée, pourquoi pas, d’un café qui agira au réveil – est idéale», conseille Claude Gronfier, chronobiologiste à l’Inserm. Une pratique, hélas, encore «honteuse» en entreprise.

Second mécanisme, le système circadien, ou horloge interne, cale notre organisme sur une fréquence de vingt-quatre heures et sur l’alternance jour-nuit. L’homme étant un animal diurne, prenez vos décisions au cours de la journée. «On a longtemps cru que certains surhommes ou surfemmes pouvaient maintenir des performances élevées la nuit. C’est faux», assure Claude Gronfier. Selon une autre idée reçue, il serait possible de ne dormir que trois à quatre heures par nuit. Encore faux ! En 2006, une étude américaine du professeur Charles A. Czeis­ler a montré que les semaines à rallonge et les négociations matinales après une nuit blanche étaient une aberration, entraînant, à tout le moins, une baisse des performances intellectuelles et physiques.

Trouvez votre rythme. En moyenne, une bonne nuit de sommeil tourne autour de sept ou huit heures, mais cette durée varie d’un individu à l’autre. Pour établir vos besoins, observez vos habitudes après une semaine de vacances – dans d’autres circonstances, vous risquez de simplement rattraper un manque de repos. Vous découvrirez peut-être que votre plage idéale de sommeil se situe entre 1 h 30 et 9 h 30 du matin. Un rythme peu compatible avec des horaires de bureau. «C’est ce qu’on appelle le décalage horaire social», explique Claude Gronfier.

Misez sur le soleil. Pour arriver à recaler votre horloge interne sur les rythmes de vie sociaux, la luminosité est essentielle. «Il faut éviter l’exposition aux écrans avant l’en­dormis­sement et rechercher la lumière ­solaire dès le réveil», indique ce spécialiste. Dans les cas les plus difficiles, consultez un chronobiologiste pour des séances de photo­thérapie (traitement à base de
lumière).