Contournement nord de la capitale, autoroute Ouaga-Abidjan, boucle ferroviaire… Les projets du secteur des transports sont en suspens. Sauf celui du nouvel aéroport de Donsin.
Pour désenclaver le pays, l’État avait adopté un programme d’investissements prioritaires 2011-2015 pour les transports doté d’un budget de 1 647,79 milliards de F CFA (plus de 2,5 milliards d’euros), dont la majeure partie a été investie. Conséquence de la réduction des dépenses d’investissement public liée à la crise sociopolitique, la plupart de ces projets sont à l’arrêt, ou presque.
Côté routier, le premier chantier à faire les frais de cette austérité forcée est celui de l’échangeur nord de Ouagadougou, financé par un pool de prêteurs amené par Bank of Africa (BOA) pour un montant de 70 milliards de F CFA. Les voies de contournement avaient déjà été réalisées. La construction de trois échangeurs (est, ouest et Ouaga 2000) a permis de fluidifier le trafic dans la capitale, ainsi que sur les axes Ouaga-Bobo-Abidjan (ouest) et Ouaga-Lomé (est), le tout pour 62,67 milliards de F CFA.
En revanche, les travaux de la voie qui doit relier l’hôpital Yalgado à l’échangeur est ne seront pas lancés avant plusieurs mois (montant estimé à 22 milliards de F CFA), l’entreprise chargée de les réaliser n’étant pas encore sélectionnée. Et rien n’a bougé, par ailleurs, concernant la future autoroute Ouagadougou-Abidjan depuis la réalisation des études de faisabilité pour le tronçon Ouaga-Koudougou-Bobo et la validation de l’avant-projet, en juillet 2014.
Le groupe Bolloré doit investir 45 milliards de F CFA dans la première phase de son plan de réhabilitation, qui démarrera après la signature d’une convention de concession révisée entre sa filiale Sitarail, le Burkina et la Côte d’Ivoire
Le projet de boucle ferroviaire ouest-africaine marque également le pas côté burkinabè. Plus d’un an après la signature d’un protocole d’accord entre le groupe français Bolloré et la filiale burkinabè de Pan African Minerals (société de l’Australo-Roumain Franck Timis, qui exploitait la mine de manganèse de Tambao, dont la licence a été suspendue en mars 2015) pour la construction d’une ligne entre Kaya et Tambao, les négociations relatives aux annexes de l’accord n’ont pas repris.
Elles achoppent sur la révision de la convention de concession de décembre 1994, qui permet, d’une part, au groupe Bolloré de financer la réhabilitation de la ligne Abidjan-Kaya et, d’autre part, à Pan African Minerals de construire la voie Kaya-Tambao dans le cadre d’une convention BOT (« built, operate and transfer »). Le groupe Bolloré doit investir 45 milliards de F CFA dans la première phase de son plan de réhabilitation, qui démarrera après la signature d’une convention de concession révisée entre sa filiale Sitarail, le Burkina et la Côte d’Ivoire. Quant à la convention sur la nouvelle ligne Kaya-Dori-Tambao, elle est pour le moment dans l’impasse.
Les travaux des voies d’accès à l’aéroport, exécutés à 30 %, devraient être achevés d’ici à juin 2016
En revanche, à 30 km à l’est de la capitale, le chantier du nouvel aéroport de Donsin prend corps. Le volet social et environnemental a été bouclé mi-juillet, avec le relogement des 962 ménages de 10 villages affectés par le projet : plus de 2 620 logements ont été construits, sur 9 sites, où ont emménagé 5 760 personnes. Les travaux des voies d’accès à l’aéroport, exécutés à 30 %, devraient être achevés d’ici à juin 2016. Seul bémol : le retard pris dans la création de la société d’économie mixte (SEM) chargée de la gestion du complexe et dotée d’un capital de 5 milliards de F CFA, dont 60 % détenus par un opérateur privé international… en cours de sélection.
« Pour la construction de la plateforme aéroportuaire, nous sommes dans la phase de passation des marchés et prévoyons de démarrer les travaux d’ici au début de 2016. Notre objectif est de rendre l’aéroport opérationnel et d’accueillir les premiers vols dès 2020 », explique Édouard Bouda, le directeur général de la Maîtrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin (MOAD), organe de pilotage du projet rattaché à la primature. La mise en place de la SEM permettra de boucler l’apport du secteur privé (estimé à 65 milliards de F CFA) et de procéder au décaissement des contributions des bailleurs pour la construction du complexe aéroportuaire, dont le coût global est estimé à 312 milliards de F CFA.
avec jeuneafrique