La Côte d’Ivoire est le 71ème pays et le premier d’Afrique subsaharienne francophone à avoir rejoint, en octobre 2015, le Partenariat pour un gouvernement ouvert (POG), dont le quatrième sommet mondial se déroule du 7 au 9 décembre 2016 à Paris.
D’autres pays sont en train de lui emboîter le pas pour intégrer cette « COP 21 de la démocratie » dont la mission est d’améliorer la transparence dans la gestion des affaires publiques.
« Entre son adhésion et la mise en oeuvre du plan d’action national (PAN), les choses sont allées très vite », se félicite Pauline Carmona, secrétaire générale du Sommet pour un gouvernement ouvert, ce 7 décembre à Paris. Un an après la signature du protocole d’adhésion, la Côte d’Ivoire cherche à polir son image en matière de transparence et peaufine son PAN.
Après avoir organisé des réunions avec la société civile au premier semestre 2016, le pays a mis en ligne en août dernier le site data.gouv.ci (dont le projet avait été initié dès 2014), une plateforme de partage des données publiques du pays en matière de finances publiques, de santé, d’éducation, d’infrastructures. Celle-ci doit contribuer, selon le gouvernement ivoirien, « à améliorer et garantir l’égalité d’accès aux données publiques à l’ensemble des partenaires techniques et financiers, au secteur privé, à la société civile et aux citoyens ».
Rôle de la société civile
Il est par exemple possible de se renseigner sur l’évolution du nombre de médecins et d’infirmiers dans la ville d’Abidjan et les différentes régions du pays entre 2012 et 2015. Ou encore se procurer le texte du projet de loi de la nouvelle Constitution ivoirienne approuvé par référendum le 30 octobre, ou les résultats détaillés de ce scrutin.
Toutefois, la plupart des données économiques du pays – celles du marché des télécoms ou du BTP par exemple – ne sont pas encore disponibles sur la plateforme. « Ce n’est qu’un début et c’est déjà pas mal. L’essentiel est de faire le pas » dans cette démarche de transparence, nuance Emmanuel Bama, cofondateur de la communauté OpenStreetMap, « le Wikipédia des cartes » en Côte d’Ivoire.
Si cette plateforme lancée par le gouvernement doit permettre de mieux éclairer les citoyens sur la façon dont se repartissent les deniers publics, elle n’est toutefois qu’une étape. Avant son adhésion au POG, la Côte d’Ivoire a élaboré une liste de quinze engagements ayant trait à des problématiques récurrentes, comme la nécessité d’aboutir à une gestion plus efficace des ressources publiques ou encore à l’amélioration de ses services publics.
Nicaise Alexandre N’Zi Moro, président d’ALACO (Ligue africaine de lutte contre la corruption) pour la Côte d’Ivoire, salue cette initiative inédite du gouvernement, mais reste sur ses gardes. « Il y a encore du boulot. C’est à la société civile de veiller à l’application de ces engagements ».
La transparence, facteur de développement
Car en Côte d’Ivoire – comme dans les autres pays d’Afrique – la transparence et une meilleure gouvernance constituent des facteurs clés du développement économique. En 2016, le pays est passé de la 115ème à la 107ème place sur 168 États à l’échelle mondiale dans l’Indice de perception de la corruption 2015 de l’ONG allemande Transparency International. Toutefois, dans le dernier classement de la Banque mondiale évaluant la facilité à faire des affaires dans les différents pays, « Doing Business », publié en octobre, le pays reste cantonné à la 142ème place sur 190 pour la deuxième année consécutive.
Il faudra certainement attendre quelques années pour connaître l’impact réel de cette démarche sur le climat des affaires, mais pour Julien Tingain, coordinateur de la plateforme POG en Côte d’Ivoire et président de l’ONG Social justice, cette initiative devrait permettre d’inciter « d’autres pays francophones à rejoindre le POG ».
Pour devenir membre, les pays devront répondre à quatre critères : transparence budgétaire, facilité d’accès à l’information, publication de la déclaration de patrimoine des agents de la fonction publique, et enfin promouvoir la participation et l’engagement des citoyens dans l’action publique.
La diplomatie française – la France est coprésidente du POG – souhaite que davantage de pays d’Afrique francophone rejoignent l’initiative. « Le Burkina Faso est éligible et va devenir officiellement membre du POG à l’occasion du sommet », détaille Pauline Carmona, la secrétaire générale du Sommet. Le Maroc sera également intégré au partenariat pour un gouvernement ouvert dans les prochaines semaines, après la promulgation d’une loi sur l’information, assure la présidence française du Sommet. Le Sénégal et le Bénin, eux aussi, devraient suivre.
Avec Jeune Afrique