Le secteur de l’assurance fait partie des activités en première ligne face à l’expansion rapide des majors du numérique. Une situation qui pousse le régulateur marocain a lancé une réforme du code des assurances locales de manière à intégrer les nouveaux paradigmes du secteur. Les opérateurs réassignent 10% de leurs chiffres d’affaires en R&D et vont jusqu’à calquer le mode d’organisation d’entreprises comme Google ou Spotify.
Le secteur de l’assurance marocain vient de tenir la quatrième édition de sa grand-messe annuelle. Littéralement baptisé, Rendez-vous de l’assurance, cet événement a été l’occasion pour les opérateurs marocains et internationaux dont des représentants de 15 pays africains réunis pour discuter des modalités offertes par le digital en matière de « réinvention de l’expérience client ».
Transformation obligée
« L’assurance se transforme à grande vitesse. Il n’empêche que la souscription à un produit d’assurance reste complexe, rigide et manque d’intelligence. Un constat qui contraste avec le bouleversement des modes de consommation initié par la généralisation des smartphones, qui a fait passer les consommateurs d’un mode passif à actif », explique Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR).
L’avancée technologique et les solutions qui en découlent représentent autant d’éléments concurrentiels pour les acteurs traditionnels de l’assurance. « L’activité est condamnée à intégrer les changements technologiques en cours, notamment l’analyse de masses de données, croiser les informations de manière à enrichir la connaissance des clients, de manière à avoir une vision 360° grâce au digital et notamment au big data », précise le président FMSAR.
L’intégration numérique fait également partie des tops priorités de l’Autorité de contrôle des Assurances et de la prévoyance (ACAPS). Le régulateur marocain a en effet alerté, les opérateurs sur les dangers que représentent l’essor des transactions transfrontalières. « L’essor du Fintech et de l’Insurtech, pourrait déboucher sur un éclatement de la chaîne de valeur traditionnelle du secteur de l’assurance. Des majors comme Google représentent une menace pour 40% des assureurs santé au niveau mondial », alerte Hassan Boubrik, président de l’ACAPS.
Le Maroc s’apprête à réformer sa loi des assurances
Pour le régulateur, les majors du secteurs numérique GAFA en tête (Google, Amazon, Facebook, Apple) influenceront à terme les modalités de tarification, la mutualisation et le système de distribution. La multiplication des cyberattaques représente d’un autre côté, un réel relais de croissance pour les opérateurs qui se préparent à proposer des assurances contre la cybercriminalité. Il n’empêche que la pression que subissent les opérateurs et les régulateurs pousseront ces derniers à mettre au point un nouveau cadre juridique de manière à prendre en compte l’impératif du contrôle des données personnelles et d’affronter la concurrence des GAFA.
« La fragmentation de la chaîne de valeur, qui devrait suivre la prise de contrôle du marché par les GAFA nous rappelle la nécessité d’instaurer un nouveau cadre réglementaire adapté à cette nouvelle donne technologique. Nous nous apprêtons donc à lancer une réforme du code des assurances au Maroc, de manière à prendre en compte les avancées technologiques à venir », annonce Boubrik.
S’adapter ou mourir
Bien qu’une grande partie du continent reste à l’abri des convoitises du GAFA, vu l’éparpillement des marchés, les opérateurs se préparent à une éventuelle offensive sur leurs marchés respectifs, notamment face à la montée en puissance des opérateurs télécoms, en témoigne les offres d’assurances commercialisées par M-Pesa au Kenya.
Une préparation qui passe par des investissements conséquents en R&D, à l’image du géant mondial Allianz qui a injecté 650 millions d’euros en 2016 dans son volet numérique ou encore Axa qui a mobilisé 450 millions d’euros. Selon le cabinet Roland Berger, les grands groupes d’assurances mobilisent près de 10% de leurs chiffres d’affaires en R&D pour pouvoir suivre le rythme des GAFA. D’autres calques le modèle de structures comme Spotify, Google et Netflix.
Avec latribune