Tendance Chacun sait que l’impact environnemental de l’entreprise est généré par la consommation électrique, les impressions papier ou le chauffage. On sait moins, en revanche, que les outils numériques, les logiciels en particulier, en sont les plus forts contributeurs, comme l’indique une récente étude du Club Green IT et du CIGREF.
Avec ses collaborateurs, plus ou moins nombreux, ses mètres carré de bureaux , ses postes de travail, ses dossiers papier qui inondent les salles de réunion, l’entreprise a un impact environnemental important. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, «ce n’est pas sa consommation énergétique qui est la plus forte», insiste Frédéric Bordage, mais bien plutôt ses « outils numériques », et plus spécifiquement ses logiciels. Co-animateur du Club Green IT, une association qui regroupe des porteurs de projets informatiques soucieux d’écologie, Frédéric Bordage a récemment publié un benchmark Green IT. Réalisée auprès de neuf sociétés membres de l’association, cette étude comparative vise à dresser un panorama de l’empreinte environnementale du numérique en entreprise.
Principal constat : « Le principal combat à venir des entreprises interrogées est l’éco-conception des logiciels, résume Frédéric Bordage. Car elles sont déjà toutes bien engagées dans la réduction de leur empreinte environnementale ». Cela sous-entend qu’il va falloir concevoir des logiciels qui consomment moins de ressources informatiques – mémoire vive, puissance processeur, etc. – et fonctionnent donc plus longtemps sur les mêmes équipements. Au nombre des bonnes pratiques à adopter, Green IT recense notamment l’entretien des ordinateurs pour éviter qu’ils ne ralentissent, la désinstallation régulière de logiciels non utilisés, leur mise à jour « raisonnée » et le choix d’applications aux fonctionnalités non pas gadget mais vraiment utiles à l’entreprise.
Engagement de la Poste, Solocal et des Caisse d’Epargne
Si l’étude de Green IT reconnaît que l’éco-conception des logiciels n’en est qu’à ses « balbutiements », des entreprises ont déjà sauté le pas. Philippe Derouette est manager de projets Green IT au sein des Caisses d’Epargne. Depuis 2013, à son initiative, il est chargé de réfléchir aux solutions de réduction de l’empreinte environnementale des logiciels dans les agences. « Quand un employé de banque recherche le nom d’un client, rien ne sert de lister les 10.000 Martin figurant sur la base de données sur une même page, ce qui peut faire planter l’ordinateur. Mieux vaut procéder par petites portions », explique Philippe Derouette. La Caisse d’Epargne n’est pas la seule à prendre en compte ce type de problématiques : Le groupe La Poste développe une démarche d’éco-conception, en commençant par ses sites web internes, même chose pour le groupe Solocal avec l’annuaire PagesJaunes.fr.
À l’avenir, en entreprise, les logiciels seront donc « éco-conçus», ou ne seront pas. « Disons que l’an 1 a été celui de la prise en compte de l’empreinte environnementale globale pour les entreprises. L’an 2 sera, à coup sûr, celui de cette question des logiciels », résume Frédéric Bordage en préconisant de coupler le tout à une approche sociale. « Ce qui correspond à des logiciels accessibles à tous, conçus avec simplicité, et qui permet d’augmenter la productivité ». Puisque derrière l’éco-conception, il n’y a pas qu’ une question d’éthique : la prise en compte de l’empreinte environnementale contribue aussi à réduire les coûts.
Avec business.lesechos.fr