Le jugement scandalise la ministre du Travail et les réseaux sociaux: le conseil des prud’hommes de Paris considère que le terme de “PD” adressé à un coiffeur n’est pas homophobe car “il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles”.
Le lendemain, le jeune homme se présentait sur son lieu de travail et ses responsables lui signifiaient la rupture de sa période d’essai. S’estimant victime de discrimination liée à son orientation sexuelle et très affecté psychologiquement, il attaquait son employeur devant les prud’hommes, soutenu par le Défenseur des droits, qui estimait qu’il y avait bien eu discrimination. Le salon de coiffure faisait valoir pour sa part que l’employé “travaillait lentement”, avait des “difficultés d’intégration” et “qu’il refusait d’exécuter certaines tâches mais prétendait accéder rapidement à un poste de manager”.
“Simple abus de langage”
Tout en reconnaissant “le caractère et la teneur inappropriés du SMS”, l’employeur estimait que le terme de “PD” “n’est qu’un simple abus de langage et que ce terme est entré dans le langage courant et qu’il n’a aucun sens péjoratif ou homophobe dans l’esprit de la manager”. Dans sa décision, le conseil des prud’hommes a repris les arguments de l’employeur en se justifiant ainsi: “en se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le Conseil considère que le terme de ‘PD’ employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes”.
Le conseil considère que “l’employeur n’a pas fait preuve de discrimination (…) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés”. Il a accordé à l’employé 5.000 euros au titre du préjudice moral. Le jugement, présenté aux associations LGBT par le Défenseur des droits jeudi a été immédiatement relayée sur les réseaux sociaux par ces dernières, scandalisées. “Le jeune homme a fait appel et le Défenseur des droits reprendra une décision d’ observation devant la cour d’appel en n’oubliant pas de faire des commentaires sur le libellé du jugement”, a réagi auprès de l’AFP Slimane Laoufi, chef du pole Emploi privé au Défenseur des droits. “Écrire ça dans un jugement c’est quand même assez fort”, a poursuivi M. Laoufi. Je ne comprends pas comment dans une décision de justice, on puisse en référer a des stéréotypes et des préjugés”.
avec 7sur7