Après avoir été élu président du CRT de la capitale en décembre dernier, Hassan Bargach a élaboré une stratégie censée faire de sa ville une destination culturelle phare du Royaume. Les budgets qu’il vient de décrocher de l’ONMT et de la région permettront, selon lui, de faire exploser, d’ici la fin de son mandat en 2020, les chiffres des arrivées et des nuitées touristiques.
Malgré ses nombreux atouts, Rabat a longtemps souffert d’un déficit d’image à l’international qui la faisait passer pour une simple ville d’étape, et la rendait invisible sur les radars des grands tour-opérateurs.
« Maintenant que notre nouvelle stratégie axée sur le digital est prête, les choses sérieuses vont commencer. Grâce aux budgets récemment alloués par l’ONMT et la région, le CRT va pouvoir la décliner en actions concrètes et faire de Rabat une vraie destination touristique », se félicite le nouveau patron du tourisme de la capitale.
Interrogé sur le montant des enveloppes débloquées par l’office et les autorités de la région Rabat-Salé, Bargach préfère éluder la question « pour ne pas faire de jaloux ».
« Pour ménager les CRT qui reçoivent moins, il vaut mieux poser la question aux contributeurs mais le budget d’investissement est suffisant pour financer et concrétiser les ambitions de notre stratégie.
Nous allons commencer par enrichir notre site avec une offre attractive. Et l’année prochaine, on s’attaquera à la promotion en invitant des T.O étrangers et la presse spécialisée internationale.
Après la mise en place d’outils (site opérationnel, applications mobiles de géolocalisation, fonds d’images, présence sur les réseaux sociaux …) qui nous manquaient cruellement dans une planète où 70% voyagent en consultant internet, la visibilité internationale de Rabat va devenir importante à partir de 2019 pour positionner la ville en destination city-break culturelle », avance Bargach.
A la question de savoir si les subventions allouées sont one-shot ou budgétisées sur plusieurs années, notre interlocuteur affirme qu’elles seront reconduites ou pas en fonction des résultats.
« Si nous optimisons le nombre d’arrivées touristiques, l’ONMT et la région débloqueront d’autres budgets et devraient même les augmenter. Mais dans le cas contraire, le robinet s’arrêtera à raison. Ces enveloppes sont suffisantes pour engranger des résultats probants mais nous nous battrons pour en avoir plus », précise le président qui prévoit de mobiliser en six mois 100.000 followers sur les réseaux sociaux.
« Nous pourrions payer une société indienne pour obtenir en peu de temps 15 millions de fans, mais nous recherchons une clientèle de qualité. Avec le budget confié à une compagnie spécialisée en buzz, nous arriverons rapidement au chiffre de 100.000 sur notre page Facebook Visit Rabat. Elle est alimentée quotidiennement avec les actualités sans parler des photos sur Instagram. Avec cette plateforme d’information, les gens sont informés de tout ce qui se passe dans la capitale », ajoute Bargach qui pense que l’exposition digitale donnera dès 2019 de « bons résultats chiffrables ».
« Cela pourra se vérifier rapidement avec des indicateurs qui ne mentent pas. Dès la fin de l’année 2018, nous pourrons mesurer l’évolution du nombre d’arrivées et de nuitées de la capitale.
Hormis nos actions digitales, nous allons aussi profiter d’avantages conjoncturels et structurels. Il y a l’engouement international pour le Maroc qui jouit d’une image unique de stabilité, mais aussi l’offre hôtelière qui va progresser dans les 3 années à venir. Trois grands hôtels 5 étoiles vont ouvrir leurs portes en 2019 (Ritz Carlton, Marriot, Fairmont) sans compter les 4 étoiles qui arrivent en 2020-2021.
L’arrivée de ces chaînes structurées va entraîner celle de nouveaux touristes internationaux. De plus, l’aéroport de Rabat-Salé va tripler sa capacité d’accueil (de 2 millions de passagers à 6) et plusieurs ouvertures de lignes aériennes sont en cours de négociation, énonce Bargach qui rappelle qu’il y a eu 80% d’augmentation d’arrivées en février 2018 par rapport à février 2017
Sachant que la capitale a comptabilisé 719.000 nuitées en 2017, le CRT compte atteindre 1 million en 2020 grâce notamment à la nouvelle offre hôtelière qui va bénéficier d’un plus fort d’occupation du Maroc.
« A Rabat, nous réalisons un taux d’occupation qui dépasse les 50%. Si on retire les nombreux 2 étoiles qui ne répondent pas aux normes internationales, on arrive dans les 4 et 5 étoiles à des taux beaucoup plus élevés (60 à 70%).
D’ici la fin de mon mandat prévue fin 2020, je pense que nous réaliserons 300.000 arrivées contre 217.000 en 2017, soit plus de 40% de croissance », conclut celui qui dirige également l’un des deux hôtels Sofitel de la capitale.
Avec medias24