Le conglomérat industriel japonais Toshiba, en grande difficulté financière depuis la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, a annoncé dimanche le lancement d’une augmentation de capital de 600 milliards de yens (environ 4,5 milliards d’euros), pour restaurer sa solvabilité.
Aux grands maux, les grands remèdes pour Toshiba. Le conglomérat industriel japonais, en grande difficulté financière depuis la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, augmente son capital de 600 milliards de yens (environ 4,5 milliards d’euros), pour restaurer sa solvabilité.
L’augmentation de capital a été réservée à 60 fonds d’investissements internationaux et doit être conclue le 5 décembre, selon un communiqué du groupe. Toshiba va émettre 2,28 milliards de nouvelles actions, soit environ la moitié du nombre de ses actions existantes, et les vendre au prix unitaire de 262,8 yens, soit un rabais de 10% par rapport au cours de clôture du groupe vendredi.
Rediriger ses moyens financiers vers d’autres activités
L’opération doit permettre à Toshiba de limiter considérablement son exposition à la débâcle de Westinghouse, en lui permettant de payer les garanties sur les énormes dettes de Westinghouse exigées par les créanciers de cette ancienne filiale, qui a déposé le bilan cette année.
Après avoir honoré ces garanties, Toshiba compte vendre ses actifs liés à Westinghouse à un tiers, selon un communiqué. Si ces opérations sont couronnées de succès, elles permettront à Toshiba de “réduire significativement” les ressources internes que le groupe est obligé d’allouer à la réhabilitation de Westinghouse, qui pèsent lourdement sur son bilan, et “de rediriger ses moyens financiers vers de nouvelles activités”, ajoute le communiqué.
Toshiba espère grâce à ces opérations que son bilan, actuellement dans le rouge à hauteur de 750 milliards de yens à cause de Westinghouse, revienne à l’équilibre d’ici la fin de son exercice fiscal 2017/18 clos fin mars prochain.
En redevenant solvable d’ici cette date butoir, le groupe japonais éviterait l’humiliation d’une radiation de la Bourse de Tokyo, à laquelle il est actuellement exposé.
Vente compliquée de Toshiba Memory
Jusqu’à présent, pour redevenir solvable à cette date, Toshiba misait uniquement sur la vente prévue de sa très lucrative filiale de cartes mémoires Toshiba Memory, dont il espère obtenir 2.000 milliards de yens (15 milliards d’euros).
Mais la probabilité de parvenir à finaliser cette cession à temps s’est amenuisée, en raison de l’opposition persistante de son partenaire Western Digital, qui avait des vues sur Toshiba Memory mais qui a été écarté au profit d’un consortium d’acquéreurs mené par le fonds d’investissement Bain Capital.
Le groupe a déjà prévenu que s’il n’arrivait pas à vendre Toshiba Memory à temps, il se dirigerait vers une perte nette de 110 milliards de yens sur 2017/18, après déjà une perte de 965 milliards de yens (quelque 7,5 milliards d’euros) sur 2016/17 en raison de dépréciations massives liées à Westinghouse.
Toshiba dans la tourmente depuis longtemps
Les déboires de cette filiale américaine, acquise par Toshiba en 2006 et qui a sombré pour avoir gravement sous-estimé les risques associés à la construction de centrales nucléaires aux Etats-Unis, étaient par ailleurs survenus au pire moment pour Toshiba, qui se relevait à peine d’un énorme scandale de maquillage de ses comptes entre 2008 et 2014.
Toshiba est resté dans le rouge au premier semestre de l’exercice en cours, à hauteur de 49,8 milliards de yens.
Le recours à une augmentation de capital aussi importante “pose bien sûr le problème d’une dilution de la valeur des actions (…) mais nous pensons que cette mesure nous permettra d’assumer nos obligations (vis-à-vis des créanciers de Westinghouse, NDLR) et de nous concentrer sur notre coeur d’activités, ce qui contribuera à la valeur des actions”, a déclaré dimanche à l’AFP une porte-parole de Toshiba.
Outre sa filiale de cartes mémoires, le conglomérat industriel s’amincit à vue d’oeil en se séparant de divers actifs. Il a notamment vendu il y a quelques jours son activité de téléviseurs, qu’il ne considérait plus comme stratégique, au groupe chinoise Hisense pour moins de 100 millions d’euros.
Il avait auparavant cédé ses systèmes médicaux à son compatriote Canon, fin 2016. Vendredi, il a en revanche démenti des informations de médias japonais selon lesquels il serait en discussion pour vendre ses activités dans les ordinateurs.
(Avec AFP)