Ezeckiel Moudoh cultive du maïs au sud du Togo. L’humidité et les ravageurs détruisent régulièrement une bonne partie de ses récoltes entreposées. Il déclare : « Quelle que soit la méthode de conservation que nous utilisons, il n’est pas exclu qu’une partie de nos récoltes soit perdue. »
Chaque année, le tiers des aliments produits dans le monde pour la consommation humaine est gaspillé.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime qu’en Afrique subsaharienne au moins 13 % des céréales sont perdues ou pourrissent. Cela pourrait combler suffisamment les besoins annuels en calories de 48 millions de personnes. Les pertes sont dues, entre autres, aux mauvaises conditions de conservation.
Wesley Fioklou Messan-Koudosso est un ingénieur togolais de 23 ans qui a inventé un outil susceptible d’aider les agriculteurs à réduire les pertes après récolte. Ce dispositif numérique permet de contrôler les récoltes entreposées pour assurer des conditions optimales de conservation. Le jeune inventeur a baptisé son appareil Mèchọtọ qui signifie « surveillant » en langue fon, parlée au Bénin voisin.
Il explique : « Dès que l’utilisateur indique le produit à conserver, le dispositif fixe automatiquement la marge de température et d’humidité nécessaire à la conservation. Au-delà de la marge autorisée, l’utilisateur reçoit une notification sur son smartphone. »
L’appareil pèse environ 300 grammes. Il est équipé d’un capteur et d’une pile électrique d’une capacité de 9 volts, ce qui signifie que même les agriculteurs ruraux qui n’ont pas d’électricité peuvent l’utiliser. Il utilise la technologie de communications Bluetooth pour transmettre les données que les utilisateurs peuvent voir sur leurs téléphones ou un écran LCD.
Les utilisateurs qui ne savent pas lire peuvent se servir des signalisations sonores ou lumineuses pour les avertir de tout changement observé au niveau des conditions de conservation.
L’appareil coûte 60 000 francs CFA (113 $ US).
Agbéko Kodjo Tounou fait des recherches sur les insectes à l’Université de Lomé, la capitale togolaise. Il soutient qu’au Togo les organismes nuisibles qui foisonnent dans les régions humides, et en particulier les champignons, sont responsables de la majeure partie des pertes après récolte. Lorsque l’humidité est élevée, de la moisissure peut apparaître sur les denrées récoltées, et certains types de moisissures produisent une substance cancérogène appelée aflatoxine.
Il ajoute que le dispositif permet aussi aux agriculteurs d’éviter d’utiliser des produits chimiques pouvant être dangereux pour la santé humaine lorsqu’on s’en sert pour des aliments.
Monsieur Tounou déclare : « L’utilisation de ce dispositif dans les greniers permettra aux agriculteurs de prendre des mesures dès qu’il y aura une éventuelle menace d’humidité et réduire ainsi les pertes agricoles. »
Le concepteur envisage d’équiper le dispositif d’un séchoir et d’un climatiseur pour réguler automatiquement l’humidité et la température pour répondre aux besoins des produits entreposés.
Pour monsieur Ezeckiel Moudoh, même si le dispositif Mèchọtọ peut aider à diminuer les pertes après récolte, la transformation reste la meilleure solution pour les agriculteurs comme lui.
Il ajoute : « La véritable lutte contre les pertes agricoles consiste à [s’assurer de] transformer la partie de nos récoltes qui ne sera pas destinée à la consommation immédiate. »
Avec scidev