En 2011, Razak Adjei a quitté Tchamba, son village natal, pour poursuivre des études en économie à Lomé, la capitale togolaise. Il s’est vite rendu compte que les jeunes diplômés togolais font face à des taux de chômage élevés, et qu’un diplôme ne lui garantie pas un emploi. S’intéressant à l’agriculture, M. Adjei se disait qu’il serait mieux d’y investir son temps et son énergie.
M. Adjei s’inscrit alors à un cours d’entrepreneuriat agricole. Pendant cinq mois, il apprend des techniques agricoles comme le compostage et la fabrication d’engrais organiques au centre de formation Sichem, situé à 10 kilomètres à l’extérieur de Lomé.
Après avoir compléter le cours, il commence à cultiver des tomates, des poivrons, et beaucoup d’autres fruits et légumes sur deux hectares de terres à l’extérieur de Lomé. Comme beaucoup de ses collègues agriculteurs, M. Adjei n’obtenait pas de grands rendements au début parce que les insectes, les termites et les fourmis mâchaient ses plantes. Il explique: « Nous n’arrivions pas à avoir un bon rendement vu que les insectes empêchaient nos plants de se développer et de produire des fruits et des légumes.»
Pour lutter contre les parasites, il a décidé de tester une concoction à base de neem qu’il fabriquait lui-même et qu’il a appris de son père.
Il se souvient: «Quand j’étais petit, mon père me demandais de faire une mixture à base d’eau et de feuilles de neem. Une fois finit, il me demandait d’asperger la solution sur les plants. Je ne savais pas à l’époque à quoi cela servait. »
Se souvenant de la technique de son père, M. Adjei a décidé d’essayer le mélange sur ses cultures. L’insecticide à base de neem a fonctionné. Les insectes ont lentement commencé à disparaître.
Depuis son succès avec l’insecticide à base de neem, M. Adjei tente de l’améliorer en achetant un broyeur pour les feuilles de neem, et en essayant de perfectionner un mélange moins concentré. Les maraîchers comme Marc Djondo testent son produit, et M. Djondo dit que ses rendements ont déjà augmenté de manière significative. Les insectes qui détruisaient ses plants de tomates sont maintenant une chose du passé.
Bertrand Abassey est un agriculteur de 30 ans qui cultive du maïs. Le mélange de neem de M. Adjei l’a aidé à résoudre un autre type de problème. Il dit: «Mes plants était constamment détruits particulièrement par des chèvres et béliers. Ils escaladaient les clôtures que j’avais érigé pour détruire complément mes plants et [ manger les rafles de maïs].» Mais, depuis qu’il a pulvérisé sa récolte avec l’insecticide à base de neem, ils ne s’approchent plus.
M. Adjei explique: «L’insecticide en question est composé à 90% du neem, un arbre dont les feuilles sont amères. Une fois l’insecticide aspergé sur les cultures, son goût amère empêche les troupeaux de les brouter.»
Kossi Adeledji est professeur au centre de formation agricole Sichem. Il dit que la pulvérisation de l’insecticide à base de neem n’a pas d’impact négatif sur les consommateurs, et que dans certains pays, les agriculteurs utilisent les fruits de neem comme engrais. Mais M. Adeledji avertit qu’il est important pour les agricultrices et les agriculteurs d’obtenir le bon dosage lors de la pulvérisation, parce que le produit est très concentré. Les agricultrices et les agriculteurs doivent aussi réappliquer des insecticides à base de neem toutes les semaines, pour que leurs effets se dissipent, et que les parasites ne reviennent pas.
Pour le moment, M. Adjei produit son insecticide en petites quantités, et arrive à le vendre pour 1000 FCFA par litre (1,70 $ US). Mais il a de grands projets d’expansion. Il attend que l’Institut de recherche agricole togolais certifie son insecticide à base de neem pour qu’il puisse augmenter sa production pour en faire une entreprise.
avec lentrepreneuriat