Présente sur une desserte de nuit Paris-Rome et des trains de jour entre Marseille et Milan, la filiale de Trenitalia envisage de répondre aux appels d’offre des régions pour les TER et de participer à l’ouverture à la concurrence des lignes TGV en 2020.
Alors que la SNCF se prépare à affronter un préavis de grève de 36 jours déposé par les syndicats jusqu’en juin, Thello, filiale française de la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia, a présenté le 21 mars en gare de Paris-Lyon ses résultats et futurs projets de développement. Et Roberto Rinaudo, Pdg de Thello, de rappeler en préambule que sa compagnie est « le seul opérateur ferroviaire alternatif de transport de voyageurs en France« . Thello a ainsi transporté l’an dernier un million de passagers, les 3/4 sur ses 6 trains circulant chaque jour entre Marseille et Milan, et le reste sur sa liaison quotidienne en train de nuit entre Paris et Venise.
Une montée en gamme du train de nuit Paris-Venise
Les deux rames effectuant ce dernier trajet viennent d’ailleurs d’être rénovées dans un esprit plus design et complétées par la création de 4 cabines Premium de 1ère classe constituées de deux lits superposés et d’une petite salle de bain avec douche et WC. Accessible pour un ou deux voyageurs, la réservation d’une cabine Premium comprend par ailleurs un verre d’accueil, la fourniture d’un nécessaire de toilette et le petit-déjeuner avant l’arrivée à Paris ou à Venise. Ce train de nuit – comme le train de jour d’ailleurs – est également équipé d’un agréable wagon restaurant dans la plus pure tradition des voyages ferroviaire d’antan.
« Cette rénovation a représenté un investissement important, de 8 millions d’euros, car nous croyons dans le potentiel de cette ligne. Notre ambition a été de consolider et d’enrichir notre offre pour accroître l’expérience client. Le voyage commence dès le départ du train« , estime Roberto Rinaudo. Si Thello vise d’abord une clientèle loisir avec ses cabines Premium, le produit pourrait aussi séduire des voyageurs d’affaires qui souhaitent arriver en forme le matin à Paris ou en Italie (avec des arrêts notamment à Milan, Brescia, Vérone, Vicence, Padoue et Venise). En revanche, Thello n’entend pas relancer de train de nuit entre Paris et Rome, desserte arrêtée fin 2013 en raison de contraintes d’exploitation jugées trop importantes.
Trenitalia présent en France d’ici 2020 dans la grande vitesse ?
Trenitalia compte en effet continuer à développer Thello en France en privilégiant l’exploitation de lignes à grande vitesse à partir de 2020 dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. « Bien sûr nous serons plutôt présent sur du Paris-Milan que sur du Paris-Bordeaux ou du Paris-Bruxelles« , ironise le Pdg. Il met toutefois des conditions à ces projets. « Tout dépendra de l’accès aux infrastructures, de la neutralité de SNCF Réseaux, de l’accès aux ateliers de maintenance et surtout du modèle économique lié au montant des péages« .
Et de souligner le fait que ces péages sont quatre fois plus chers en France comparé à l’Italie qui a déjà fait sa révolution ferroviaire avec le passage en Société Anonyme de la holding en 1992 et l’arrivée d’un concurrent sur la grande vitesse en 2012 avec NTV. « Cela a permis un développement des trafics, cette concurrence ayant bénéficié aux clients avec une baisse des tarifs de l’ordre de 25% et une amélioration de la qualité de service tant de la part de Trenitalia que de NTV« , assure-t-il.
Les appels d’offre des régions pour les TER seront étudiés
Thello envisage également de répondre aux appels d’offre des régions concernant les TER. Depuis janvier 2018, un premier accord a déjà été conclu en test avec la SNCF et la région PACA qui permet aux clients, contre 3€ de supplément par mois, d’emprunter aussi bien les trains TER de la SNCF que les trains Thello sur le tronçon Nice-Monaco-Vintimille.
En attendant des avancées sur ces éventuels développements, Thello entend se concentrer sur l’amélioration du remplissage des dessertes actuelles avec une rentabilité attendue pour 2019. La compagnie dispose pour cela de l’appui de sa maison mère, Trenitalia dégageant des profits depuis bientôt dix ans.
Avec : voyages-d-affaires.com