Après la retentissante affaire d’usurpation de son label par le géant indien Welspun, le pays a durci les procédures de certification et tente de relancer sa production.
Les derniers chiffres publiés par l’USDA, le département américain de l’Agriculture, sont encourageants pour le coton égyptien, reconnu pour sa très grande qualité. Les exportations ont crû de près de 20 % au cours de la campagne 2016-2017, qui s’est achevée le 31 juillet, tandis que les surfaces ont augmenté – 220 000 acres (89 000 hectares) cultivés, soit près du double de l’année précédente.
Certes, la production ne dépasse pas les 37 000 tonnes mais elle devrait à son tour connaître une forte croissance dès l’an prochain, avec une estimation de 76 200 tonnes pour 2017-2018.
Ces volumes seront encore bien loin des 1,5 mitllion de tonnes que le pays produisait au début des années 2000. Mais leur hausse est une bonne nouvelle. Il y a encore peu de temps, certains experts prédisaient la disparition de cette culture phare, surnommée la « quatrième pyramide d’Égypte », en raison notamment de la fin des subventions aux cotonculteurs, décidée dans le cadre des restrictions budgétaires consécutives à la Révolution de 2011. Confrontés à d’importantes pertes, les producteurs s’étaient alors massivement convertis à la culture du riz.
La dévaluation de la livre égyptienne a rendu cette fibre haut de gamme plus compétitive
La relance de ce coton de niche, deux fois plus cher que les fibres standards – 160 centimes de dollars la livre contre 90 pour les variétés classiques, comme celles cultivées en Afrique de l’Ouest – est une aubaine pour la balance commerciale égyptienne mais aussi pour l’emploi. Deux facteurs combinés expliquent cette reprise.
D’abord, la dévaluation début 2017 de la livre égyptienne, désormais flottante, a permis à la production du pays de gagner en compétitivité face à son principal rival, le pima californien. Ensuite, la prise de conscience par les autorités de la forte demande – non satisfaite – que suscite leur or blanc, provoquée par le scandale Welspun.
Jouer à fond la carte haut de gamme
En 2015, Target décide de rompre ses relations avec ce fabricant indien de tissus, l’un des plus importants du secteur. Le géant américain de la distribution a découvert que Welspun lui vend des draps estampillés coton égyptien en réalité composés de fibres de moyenne qualité. Ce divorce retentissant a fait perdre à Welpsun, coté à Bombay et à New York, la moitié de sa valorisation boursière en une semaine (de 103 à environ 50 roupies).
D’après la Cotton Egypt Association (CEA), une vaste enquête déclenchée par les autorités du pays a alors révélé, via des tests ADN, que 90 % des produits vendus à travers le monde comme étant à base de coton égyptien provenaient en fait d’autres États comme le Soudan, le Burkina Faso ou le Pakistan.
De quoi susciter plus de contrôles au sein de l’industrie textile mondiale. Surfant sur l’attention portée à sa précieuse matière première, la CEA, qui délivre les certificats d’origine, a durci ses procédures d’attribution. « Il y a une volonté des autorités de redynamiser le secteur, de reprendre la main pour protéger leur label », explique Juan Perez, trader pour le négociant Cotton Distributors Inc.
Cette année, l’Égypte a par ailleurs interdit les semences de moindre qualité pour jouer à fond la carte haut de gamme. Le pays a même reçu, pour ce faire, un coup de pouce extérieur venu de… Welspun. Faisant acte de contrition, la firme – qui n’a pas répondu à nos demandes d’information – s’est engagée selon la presse indienne à dépenser 3 millions de dollars aux côtés de la CEA pour soutenir le coton égyptien. Et si l’on en croit les déclarations de Dipali Goenka, sa directrice générale en Inde, le groupe Welspun, qui ne possédait jusqu’ici des usines que dans son pays, envisage d’en construire une en Égypte.
Avec jeuneafrique