Deux jeunes entrepreneurs de la Silicon Valley ont gagné le MEDy Award au congrès Exponential Medecine de San Diego pour Tess, un programme d’intelligence artificielle remplissant les fonctions d’une psychologue virtuelle.
“Bonjour Tess” textote Eugène sur son smartphone. − “Eugène, bonjour. Comment ça va ?” − “Je suis très anxieux. Je n’arrive pas à travailler.” − “Qu’est ce qui te fait peur précisément ?” − “Les conséquences de mes erreurs” − “Tu veux en parler ?”
Eugène entame alors une discussion par textos avec Tess, qui va chercher à comprendre ce qui cause son désarroi pour lui donner ensuite des conseils. Tess est-elle sa meilleure amie ? Par vraiment ! C’est le prototype d’un programme d’intelligence artificielle, conçu par deux jeunes entrepreneurs de la Silicon Valley, qui viennent de recevoir le prix Medical entrepreneurship and disruption MEDy Award, au congrès “Exponential Medicine” de San Diego (Etats-Unis), organisé par l’Université de la singularité (SU), sponsorisé par Google. Eugène Bann, ingénieur informatique, travaille depuis huit ans au développement des algorithmes qui permettent au programme d’échanger de manière pertinente avec son interlocuteur. Michiel Rauws, lui, est l’entrepreneur du duo qui assure le développement commercial. Tous deux ont fondé la société X²AI “qui utilise l’intelligence artificielle pour connecter le patient avec son thérapeute 24h/24″, incubé dans l’accélérateur de la SU, sur le campus de la Nasa.
Capable de s’adapter à la personnalité de son interlocuteur
La grande nouveauté de Tess est d’offrir un programme de conversation réagissant aux émotions véhiculées par les messages. “L’émotion est au cœur de Tess, explique Eugène Banns qui devient évasif dès il s’agit de rentrer dans le détail de ses algorithmes. Il ne s’agit pas d’une simple question de pondération des différents mots utilisés comme on pourrait le penser, concède-t-il. C’est bien plus complexe car certains mots ou expressions – comme « être embarrassé » par exemple – peuvent être interprétés de manière plus ou moins grave selon les cultures. Or Tess s’adapte à tout le monde.” On n’en saura guère plus. Sauf que l’application comprend non seulement son interlocuteur mais s’adapte à sa personnalité grâce à une grande capacité d’apprentissage. En cas d’urgence – l’expression d’idées suicidaires par exemple – elle alerte le médecin. “Tess peut sauver des vies”, assurent les deux jeunes inventeurs au terme de leur présentation devant le jury des MEDy Award. Reste cependant à évaluer la fiabilité et l’efficacité du système par des essais, en condition réelle. Pour l’heure, Tess est en phase d’amélioration au Pays-Bas, chez des patients souffrant d’anxiété et de dépression modérée.
Fournir un soutien psychologique aux patients
Dans l’assistance, la responsable d’un réseau de santé de Toronto (Canada) s’enthousiasme. “C’est formidable. Cela permettrait de fournir un soutien aux patients lorsqu’ils rentrent chez eux, entre deux consultations. Nous allons sérieusement envisager d’étudier le système avec nos médecins.” Car Tess sera conseillée par les thérapeutes eux-mêmes avec qui elle gardera un contact permanent.
Au terme de la compétition, leur Award à la main, Eugene Bann et Michiel Rauws ont un sourire qui en dit long. “Tess est encore jeune, elle va grandir et devenir de plus en plus performante et aider les gens”, affirment-ils. Demain, les deux jeunes businessman s’en retourneront dans leur incubateur, sur le campus de la Nasa, afin de finaliser leur start-up et s’attaquer au marché.
avec scienceetavenir