Le Burkina Faso a lancé officiellement, jeudi 28 décembre, le passage à la télévision numérique terrestre (TNT). La mise en service de cette infrastructure ouvre la voie à plusieurs privés locaux.
Lancée sous Blaise Compaoré et validée sous la Transition puis sous Roch Marc Christian Kabore, la télévision numérique est enfin une réalité au Burkina. Le projet a été mis en service par Shérif Sy, le Haut représentant du chef de l’État, ce jeudi 28 décembre à Ouagadougou. Il représente un investissement de 45 milliards de francs CFA (69 millions d’euros), dont la moitié a été apportée par un pool bancaire conduit par Bank of Africa-Burkina.
Pour l’instant, quatorze chaînes nationales, dont la RTB – la télévision publique -, BF1, Burkina Info, 3 TV, Omega TV, sont accessibles. « Le passage à la TNT est une révolution qui concrétise le droit à l’information pour tous », s’est félicité Rémi Fulgence Dandjinou, le ministre burkinabè de la Communication. Le projet avait raté le délai initial de juin 2015, en partie à cause des difficultés de mobilisation des ressources et surtout à la crise politique qui a secoué le pays.
Un projet « clé en main »
Les travaux, confiés à l’entreprise espagnole BTesa, sont déjà achevés à 70 %. D’après nos informations, la mise en service de la TNT couvre au moins vingt villes et une trentaine sont prévues. Le reste sera couvert progressivement à partir de février 2018.
C’est un projet clé en main que nous avons fourni. Avec un seul réseau, la SBT va pouvoir héberger plusieurs chaînes
Fin mai, la Société burkinabè de télédiffusion (SBT), l’opérateur public en charge de la TNT au Burkina, avait finalisé un accord pluriannuel pour l’utilisation du satellite Eutelsat 3B, en vue d’alimenter 35 émetteurs numériques terrestres et mailler l’ensemble du territoire national. Le signal satellitaire, qui comprend une vingtaine de chaînes de télévision, est désormais rediffusé par les émetteurs terrestres de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Banfora ou encore Manga, auprès des foyers burkinabè équipés d’un décodeur numérique ou d’un téléviseur adapté.
« C’est un projet clé en main que nous avons fourni. Avec un seul réseau, la SBT va pouvoir héberger plusieurs chaînes », explique à Jeune Afrique Jose Sabater, directeur régional de la société espagnole.
Des chaînes locales et nationales
Avec le système actuel de diffusion analogique, la couverture dépasse « à peine 50 % du territoire et la majorité des chaînes de télévision privées centrent leur couverture sur les grandes villes du pays », poursuit-il.
Une meilleure qualité de son et des nouveaux services, comme le sous-titrage d’un film
Pour lui, l’un des atouts du projet porte sur la régionalisation, qui consiste à inclure dans le bouquet des chaînes locales aux côtés des chaînes nationales. Il évoque en outre « une meilleure qualité de son » et de nouveaux services, comme le sous-titrage d’un film en plusieurs langues.
Le paysage audiovisuel burkinabè est composé, aujourd’hui, d’une dizaine de chaînes de télévision : Al Houda TV, CVKa, Impact TV, TV Maria, TVZ, Canal3, SMTV, Burkina Info et la Radio télévision du Burkina (RTB – publique). Plusieurs chaînes privées attendaient l’arrivée de la TNT pour en lancer de nouvelles. Parmi les projets les plus avancés : Omega TV, qui appartient au ministre des Affaires étrangères, Alpha Barry, déjà patron d’une radio, Oméga FM, prisée des Ouagalais.
Nouveaux services
Assemblée TV sera lancée sous l’égide de l’assemblée nationale. Quant à 3 TV, elle sera mise en selle par Tam-Tam Productions, la société d’Achille Dabiré, le fondateur de radio Wat FM, qui a fait ses armes dans l’industrie du spectacle.
Ces nouvelles chaînes, déjà détentrices de leurs autorisations auprès du Conseil supérieur de la Communication, vont bientôt entrer dans la danse avec la mise en route des nouvelles installations de la TNT.
En sa qualité d’opérateur de diffusion de la TNT, la SBT entend proposer à terme des services comme la vidéo à la demande, mais également des programmes d’information sur l’éducation et la santé. De prochaines discussions sont prévues pour fixer les coûts des prestations aux télévisions, éditrices de services, selon la SBT.
Avec jeuneafrique