À l’image d’autres sociétés installées sur le continent, Silicon Undustries Corporation (SICO) a fait le choix de saisir les opportunités dans l’important vivier de besoins de smartphones de l’Afrique. Explication.
Après Samsung, Apple, Huawei ou Tecno, voici Nile X, le smartphone égyptien. Déjà disponible dans plusieurs pays arabes, son fabricant Silicon Undustries Corporation (SICO) a décidé d’attaquer le marché africain. D’ici le début de l’année 2019, le téléphone – qui fonctionne sous le système d’exploitation Android – sera vendu au Maroc, en République démocratique du Congo (RDC), au Nigeria, au Ghana, au Mozambique et au Kenya. Des régions « où la concurrence y est moins forte que dans les pays du Golfe », a fait savoir Mahmoud Ali, le directeur des ventes de SICO.
Le nombre de smartphones prévu pour l’exportation vers les autres pays africains est même supérieur à celui des ventes à destination de la péninsule arabique. Au total, l’entreprise égyptienne réserve 40 % de sa production à l’export, le reste pour le marché local. La cible de cette nouvelle expansion : les clients à faible revenu. Le prix du Nile X, dernier né de SICO, sera en effet fixé entre 50 et 60 dollars pour le marché africain, alors qu’il est vendu en moyenne 112 dollars en Égypte. À terme, 80 % des ventes devraient viser des acheteurs avec peu de ressources.
Un marché africain alléchant
Si la société égyptienne se lance en Afrique, c’est que le marché est de taille. Pour preuve, 660 millions d’Africains devraient être équipés d’un smartphone d’ici 2020 – le double du chiffre pour 2016 – d’après une étude du cabinet Deloitte. Sur le continent, le coréen Samsung a le monopole. Fin 2017, il possédait 29,12 % des parts de marché du secteur, suivi par les chinois Tecno à 7,74 % et Huawei à 7,62 %. Apple et Nokia accaparent respectivement 5,49 % et 4,88 % des parts.
Un gâteau partagé également depuis quelques années par la société algérienne Condor. Fondée en 2002, l’entreprise lance son premier smartphone en 2013 et s’exporte presque immédiatement, autant en Europe qu’en Afrique. Aujourd’hui, la firme possède des showrooms en Mauritanie, au Sénégal, au Congo, au Maroc, en Tunisie depuis avril 2017, et au Bénin depuis mars 2018. Et son PDG Abderrahmane Benhamadi ne cache pas ses ambitions : 50 % du chiffre d’affaires de l’entreprise doit venir des exportations. En Algérie, le succès est déjà là. Condor partageait, en 2017, 52 % du marché des smartphones avec Samsung, d’après les données du site de statistiques StatCounter. Un exemple parmi d’autres depuis la création par le Congolais Vérone Mankou du premier smartphone africain.
Promouvoir l’Égypte à travers un smartphone
Une réussite que pourrait bientôt donc connaître SICO, malgré la concurrence. Et pour y parvenir, l’entreprise mise sur la fabrication locale. Le montage de ses produits est en effet entièrement opéré au sud du Caire, à Assiout. Le Nile X, son produit phare lancé en grande pompe en décembre 2017 par le ministre de la Communication, Yasser El Kad, est composé, lui, pour 58 % au Caire et pour 42 % en Chine.
En 2019, l’objectif est ambitieux. Le directeur du développement des activités commerciales Ahmad El-Sawaf souhaite arriver à la fabrication de 1,5 million d’unités, dont 600 000 pour l’étranger, le triple du chiffre de 2018. Un but atteignable, à en juger par le potentiel d’activité de l’usine. D’après le journal Egypt Today, elle comporte cinq lignes de production réparties sur 4 520 mètres carrés, ce qui constitue une capacité de production de 1,8 million d’appareils par an.
Des installations rendues possibles grâce aux investisseurs privés… et à l’État égyptien, qui détient 20 % de la société. Plus qu’un simple téléphone, le Nile X incarne donc un peu « le bijou technologique » du pays. Son PDG l’a reconnu, dans une interview à Reuters : « L’entreprise capitalise sur le sentiment nationaliste égyptien pour attirer un marché bien plus large. » Ou quand le made in Egypt devient outil d’une reconquête de popularité.