Au Tchad, le Forum national inclusif sur la réforme des institutions s’est ouvert lundi 19 mars. Une réunion regroupant 800 participants et qui a pour objectif la révision de l’organisation administrative, la suppression de certaines institutions au profit d’autres, la révision des mandats des élus dont celui du chef de l’Etat. Hier, à l’ouverture, les discours ont insisté sur l’inclusivité en réponse aux partis de l’opposition et d’une partie de la société civile qui boycottent le forum.
Les orateurs de ce lundi ont insisté sur le fait que le Forum national inclusif est ouvert à tous les Tchadiens de toutes les sensibilités. Ceux qui ont choisi le boycott se mettent du mauvais côté de l’histoire, selon le Premier ministre Albert Pahimi Padacké qui affirme qu’« aucun acteur politique ne peut raisonnablement être absent de cette grande messe de la nation sans risquer de manquer l’occasion historique. S’il est une vérité qui traverse le temps, c’est que la mémoire de l’histoire retient toujours la présence, mais rarement l’absence ».
Le forum est historique parce qu’il devra jeter les bases de la IVe République. C’est pourquoi il faut aussi profiter de l’occasion en plus des sujets annoncés, pour débattre du multipartisme ouvert qui a dévalorisé la politique, estime le président de la République Idriss Déby Itno.
« On assiste de plus en plus à une banalisation de la vie et de l’activité politique. Est-il vraiment concevable et surtout nécessaire que l’on dispose de plus de 200 partis politiques dans un pays de 12 millions d’habitants, donc beaucoup de ces partis politiques n’ont que leur famille nucléaire,questionne le chef de l’Etat. Sans vouloir imposer une quelconque restriction du champ politique, je vous invite simplement à ouvrir un débat sur ce sujet ».
Réforme territoriale, création d’un Sénat et passage au septennat
C’est à partir de ce mardi que les participants entreront dans le vif du sujet avec la mise en place du présidium des travaux du forum national inclusif. Parmi les projets de réformes qui seront discutés durant ce forum national, il y a la refonte des 23 régions en 14 provinces, la création d’un Sénat mais surtout, la modification du mandat présidentiel. Il passerait de 5 à 7 ans, mais renouvelable une fois alors qu’il n’est pas limité en nombre aujourd’hui.
L’opposition boycotte ce forum car elle estime que le président Déby cherche ainsi à pérenniser son pouvoir. « Nous avons marqué notre disponibilité à aller à un dialogue inclusif. C’est quand même un peu différent. Le président Déby ne le veut pas pour la simple raison qu’il veut d’un forum dont les conclusions ne vont pas l’engager et dont les conclusions essentielles pour lui, c’est d’essayer encore de se pérenniser au pouvoir avec des modifications qu’il veut infliger dans la Constitution », affirme Saleh Kebzabo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) et chef de file de l’opposition.
« Je pense que tout cela est grossier, tout cela n’est pas opportun, poursuit l’opposant. Tout cela représente pour nous des problèmes mineurs qui de notre point de vue ne représente absolument aucune urgence pour notre pays qui s’est en effet embourbé dans des problèmes économiques et financiers, embourbé dans les problèmes sociaux qui en résultent, embourbés enfin dans des problèmes politiques graves ».
Avec RFI