Une mission du ministère de la Santé publique a contrôlé du 10 au 26 septembre 2018 des établissements des soins et des établissements pharmaceutiques privés dans la ville de Ndjamena. Les premiers constats révèlent une situation catastrophique selon un document que Tchadinfos.com s’est procuré.
Le constat est alarmant. Une enquête du ministère de la Santé publique réalisée par cinq équipes de 10 à 12 personnes constituées à cet effet a passé au crible les cabinets médicaux, cliniques et autres centres de santé ainsi que des offices de pharmacie de dix arrondissements de la capitale tchadienne. Dans un document qui concerne deux arrondissements, l’équipe propose la fermeture d’un cabinet médical, 10 cabinets des soins, 21 dépôts pharmaceutiques ainsi que la fermeture d’une pharmacie, la mise en demeure de 2 cliniques médicales, 2 cabinets médicaux. Pour le reste, des mises aux normes sont vivement recommandées.
Des autorisations d’ouverture des pharmacies prêtées
Le document révèle que les autorisations d’ouverture ne sont pas exploitées par les intéressés eux- mêmes : elles sont prêtées à d’autres personnes dont plusieurs ne sont pas des professionnels de santé. Dans le lot, il y a des arrêtés falsifiés et de situation de double emploi. Certains sites d’implantation ne respectent pas la distance entre deux établissements et d’autres sont simplement déplacés de l’endroit initial sans aucun transfert officiel. Il est observé que les marges bénéficiaires ne sont pas respectées dans la plupart de cas. Il a été aussi découvert la vente des produits psychotropes par les dépôts pharmaceutiques. Quelques dépôts pharmaceutiques disposent d’un véritable cabinet de soins en lieu et place d’une petite salle d’injection. La gestion des médicaments périmés n’est pas encore comprise par la grande partie des dépôts pharmaceutiques. Car, il n’y a pas des orientations claires dans la procédure de destruction des produits périmés.
Des cliniques non conformes
Par exemple dans deux cliniques médicales inspectées, il a été constaté que l’une d’elle dispose d’une unité de radiologie placée à proximité de la salle d’accouchement dont les murs ne sont pas plombés avec un risque évident d’irradiation. Les registres de consultation au niveau des cliniques et des cabinets médicaux ne sont pas ceux recommandés par la direction des statistiques et d’information sanitaire pour permettre la collecte et la transmission des données conformément à l’article 5 de l’arrêté portant autorisation d’ouverture d’un établissement médical privé. Certains cabinets médicaux sont installés à proximité de dépôts pharmaceutiques sous la responsabilité d’une seule personne. D’autres cabinets médicaux comme les cliniques disposent d’une pharmacie contenant des médicaments en dehors de ceux recommandés.
Des cabinets de soins implantés de façon désordonnée
Les cabinets de soins sont implantés généralement de manière désordonnée sans documents administratifs ou bien avec des arrêtés empruntés. Le local est généralement insalubre sans le respect des mesures élémentaires d’hygiène : la gestion des déchets médicaux reste un problème entier à résoudre. Le personnel est composé le plus souvent des lauréats des écoles privées des paramédicaux avec de diplômes délivrés par les écoles mêmes. Les médicaments utilisés dans les cabinets des soins sont dans la plupart de cas d’origine douteuse car ils ne disposent pas de factures de fournisseurs agréés. Deux laboratoires d’analyse médicales sont visités dont un seul répond aux normes. Le deuxième ne représente pas grand-chose malgré la disponibilité d’une autorisation dans un local sans paillasse, sans eau courante, sans matériel adéquat.
Avec tchadinfos