Le gouvernement tchadien a élaboré un ambitieux plan de développement du pays pour les cinq prochaines années. Le document, dont Xinhua a obtenu une copie, est basé sur quatre axes stratégiques: le renforcement de l’unité nationale, le renforcement de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit, le développement d’une économie diversifiée et compétitive, ainsi que l’amélioration de la qualité de vie de la population tchadienne.
Pays enclavé au sein de l’Afrique centrale, le Tchad voit sa population augmenter à un rythme annuel de 3,6 % (elle est estimée à environ 13 millions d’habitants en 2015). Les femmes et les hommes représentent respectivement 50,7% et 49,3% de la population totale.
Au début des années 2000, le gouvernement a formulé et mis en œuvre deux stratégies nationales de réduction de la pauvreté, couvrant les périodes 2003-2011 et le Plan national de développement 2013-2015 pour accélérer l’amélioration des conditions de vie des populations et réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En 2015, le Tchad s’est engagé à réaliser les Objectifs de développement durable (ODD, 2016-2030) sous l’égide des Nations Unies. Sur le plan social, la proportion de la population tchadienne vivant en dessous du seuil de pauvreté monétaire est passée de 55% en 2003 à 46% en 2011 (selon les résultats d’une enquête nationale publiés en 2014). L’indice de développement humain (IDH) au cours des cinq dernières années (0,392 en 2015) est en hausse de 5,9% par rapport à 2012.
Les progrès réalisés sur le plan économique se sont traduits par un taux de croissance moyen de 5% entre 2010 et 2015 ainsi que par une légère amélioration du climat des affaires. Sur le plan de la gouvernance, le Tchad a adhéré au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) en 2013. Au niveau politique, l’accord conclu en mai 2014 avec tous les acteurs politiques a permis de crédibiliser l’élection présidentielle de 2016. Sur les plans sécuritaire et humanitaire, la menace terroriste dans la région du Lac Tchad a été contenue. Toutefois, des défis majeurs restent à relever pour atteindre l’émergence économique du Tchad et les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
C’est dans cette perspective qu’a été élaborée “La Vision 2030, le Tchad que nous voulons” qui consacre la volonté du président Idriss Déby Itno (réélu l’année dernière pour un cinquième mandat de cinq ans) de faire du Tchad une puissance régionale émergente à l’horizon 2030. Il s’agira de donner une impulsion au processus de développement du pays visant l’émergence en 2030 à travers trois plans nationaux de développement (PND 2017-2021, PND 2022-2026, PND 2027-2030). Ces plans seront mis en œuvre pour accélérer la transformation structurelle dans les domaines social, de la gouvernance et de l’Etat de droit, de l’économie et de l’environnement.
“Le PND 2017-2021 se fixe comme objectif global de jeter les bases d’un Tchad émergent. De manière spécifique, il s’agit d’œuvrer pour un Tchad en paix, respecté et impliqué dans son environnement régional et international; de donner la possibilité à chaque citoyen d’accéder à l’eau, à la santé, au logement, à l’énergie et à la mobilité; et de bâtir un Tchad dynamique, économiquement fort et respectueux de l’environnement”, déclare Nguéto Tiraïna Yambaye, ministre tchadien de l’Economie et de la Planification du développement.
Le premier axe du PND concerne le renforcement de l’unité nationale. Ceci passe par la promotion d’une culture de paix, des valeurs citoyennes et de la cohésion nationale (actualisation et adoption des textes législatifs et réglementaires régissant la laïcité de l’Etat, élaboration et mise en œuvre d’un nouveau code foncier, et respect du code d’éthique et de déontologie de la citoyenneté). Ça implique également la promotion des valeurs culturelles et le redimensionnement du rôle de la culture comme levier de développement inclusif, en concevant et mettant en œuvre un programme adéquat d’éducation civique et de respect de la diversité culturelle, et en appliquant la loi 13/PR/2010 portant statut et attributions des chefs traditionnels.
Le deuxième axe a pour objet le renforcement de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit. Il vise, d’une part, à promouvoir la performance et la motivation dans l’administration publique, en poursuivant la réforme du code de travail, réalisant l’audit de la solde, des diplômes des agents de l’Etat, des sociétés parapubliques, révisant le statut général de la Fonction publique, et en réformant l’appareil étatique. Il s’agira, d’autre part, à promouvoir une bonne gouvernance économique en mettant notamment en uvre la réforme fiscale et un cadre législatif et réglementaire de la gestion des Finances publiques rénové, cohérent et adapté à la situation.
Le troisième axe a pour objectif de diversifier les sources de croissance économique et de dynamiser les secteurs porteurs de croissance et créateurs d’emplois décents. “La diversification de l’économie se fera sur la base des avantages comparatifs du Tchad et notamment du développement des filières dans l’agriculture, l’élevage, la pêche et les mines”, explique M. Nguéto Tiraïna Yambaye.
Au regard des défis relatifs au capital humain, le PND 2017-2021, à travers son quatrième axe stratégique, déterminera et réunira les conditions et les possibilités de valorisation dudit capital humain. À cet effet, l’objectif global est de créer un cadre de vie propice à l’épanouissement de la population tchadienne, tout en assurant la préservation des ressources naturelles et en s’adaptant aux changements climatiques. Cet axe est structuré en deux sous-axes: un environnement sain avec des ressources naturelles préservées et un cadre propice à l’épanouissement du bien-être.
“La réussite de la mise en œuvre du PND 2017-2021 dépendra du respect des principes directeurs suivants: la volonté politique et l’engagement national, l’appropriation nationale, le leadership et la responsabilisation, la priorisation des actions et la gestion axée sur les résultats et la redevabilité”, affirme le ministre de l’Economie.
Les besoins de financement du Programme d’actions prioritaires du PND sont évalués à 5 538 milliards de Francs CFA (soit un peu plus de 11 milliards de dollars) au cours de la période 2017-2021, dont 618 sur ressources propres de l’Etat (11%) du coût global du PAP et 1 208 milliards sur financement extérieur déjà acquis (22%). Il en résulte alors un gap global prévisionnel de 3 710 milliards de Francs CFA, soit 67% du coût global. Le financement à rechercher auprès du secteur privé pour couvrir ce gap est de 1 629 milliards de Francs CFA (29,4%) dont 10% sous forme de partenariat-public-privé. Le montant restant de 2 081 milliards de Francs CFA (38%) constituant le gap public est à rechercher auprès de la communauté des bailleurs.
Une table-ronde est prévue à cet effet dans deux semaines à Paris.
Avec tchadinfos