Taxify lancera son appli de VTC début octobre à Paris avec 5000 chauffeurs inscrits. Son dirigeant et cofondateur, Markus Villig, nous a dévoilé sa stratégie pour s’imposer en Europe face à Uber.
Dans quelques jours, les Parisiens découvriront une nouvelle appli de VTC. Il s’agit de Taxify, une start-up estonienne, qui veut conquérir, non pas le monde, comme Uber, son principal concurrent, mais uniquement l’Europe. Et pour cela, elle a décidé de démarrer par Paris, l’une des places les plus difficiles à conquérir au regard d’une législation complexe, de la puissance d’Uber et de professionnels prêts à défendre bec et ongle leur activité.
“C’est bien pour améliorer le système que nous avons choisi de nous lancer à Paris, une ville où les chauffeurs ne semblent pas vraiment satisfaits de ce que leur proposent les autres entreprises du secteur”, a confié Markus Villig, fondateur et CEO de Taxify, à BFMBusiness.com. Et pour cela, la start-up estonienne a étudié de près le modèle de ses concurrents.
Pour cet entrepreneur de 23 ans, il s’agit d’améliorer le système en permettant aux chauffeurs de mieux gagner leur vie et aux clients de voyager à un meilleur prix. “Notre modèle repose sur une commission de 15%, très inférieure donc à que prennent nos concurrents”. À Paris, hormis Marcel qui est aussi à 15%, les plateformes perçoivent une commission d’au moins 20%. Uber est en tête depuis qu’il a fait passer la sienne à 25% fin 2016 provoquant un fort mouvement de contestation des chauffeurs.
Comme nous le révélions précédemment, ils pourront également être payés en liquide. Et Taxify n’a pas l’intention de leur imposer une quelconque contrainte vestimentaire. “Ils doivent avoir un véhicule propre et une tenue correcte”, précise juste le dirigeant. Markus Villig l’affirme sans détour. Son modèle intéresse déjà les chauffeurs. “2000 seront opérationnels dès le 5 octobre” promet-il. Et ils seraient même 5000 à s’être inscrits sur la plateforme. Par contre, Taxify ne lancera pas à Paris son offre de location de véhicule comme il le fait dans d’autres pays: “Nous ne le ferons pas avant quelques années, nous nous concentrons d’abord sur le déploiement de l’appli”.
Un service ouvert aux VTC et aux taxis
Sur l’alliance conclue avec le géant chinois Didi Chuxing, Markus Villig apport quelques précisions. Le concurrent chinois d’Uber est entrée dans le capital avec une part inférieure à 20%. “Nous ne sommes pas une entreprise chinoise, mais une entreprise européenne qui se développera sur son territoire”, insiste-t-il.
Reste une inconnue: la réaction des taxis. Pour Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis, le nom de la start-up peut porter à confusion avec l’activité des taxis traditionnels. Le patron de l’UNT ne cache pas son intention d’attaquer la start-up en justice pour l’empêcher d’utiliser le terme taxi. “Nous ne sommes pas une entreprise de transport, mais un éditeur d’appli qui propose ses services aux VTC aussi bien qu’aux chauffeurs de taxi, comme la législation française le permet”, réplique Markus Villig.
Comme nous l’a indiqué le dirigeant, Paris n’est que la première étape de son développement en France et, ensuite plus largement en Europe de l’Ouest. “Nous ouvrirons notre appli à d’autres villes françaises en 2018, mais également dans d’autres pays. Nous attendons l’autorisation de l’administration britannique pour nous lancer à Londres probablement dès l’année prochaine, ensuite ce sera l’Allemagne et la Scandinavie”.
Avec ce modèle, Taxify risque de faire bouger les lignes et peut-être contraindre ses concurrents à réviser leur modèle.
Avec bfmbusiness