Dodoma et Barrick s’apprêtent à enterrer la hache de guerre, en effet les deux parties sont à deux doigts de conclure un accord à l’amiable pour clore le contentieux sur Acacia Mining. L’opérateur propose un versement de 300 millions de dollars, auquel s’ajoute une réorganisation de l’entreprise notamment en termes de forme juridique, de fiscalité, de politique d’embauche ou encore de répartition des bénéfices.
La tension entre le gouvernement tanzanien et l’opérateur minier Barrick Gold Copr semble retomber petit à petit, les deux parties seraient dans la dernière ligne droite pour conclure un accord qui mettra fin au différend fiscal entre Dodoma et la filiale locale de Barrick. Cette accalmie a été actée lors d’une conférence de presse organisée par les deux parties.
« Preuve de bonne foi »
Le plus important producteur d’or au niveau mondial a ainsi confirmé que sa filiale africaine, Acacia Mining devra s’acquitter de 300 millions de dollars en faveur du gouvernement tanzanien. L’accord qui devrait être très prochainement conclu comportera également un engagement d’Acacia de changer le mode de répartition de ses futurs bénéfices économiques issus de ses opérations en Tanzanie.
Selon le management de Barrick, le montant proposé par l’entreprise à l’administration de John Magufuli est « une preuve de bonne foi ». D’ailleurs, le président exécutif de Barrick, John Thornton a précisé lors d’un point de presse à Dar es-Salaam ayant suivi une réunion de 6 heures avec le président Magufuli, qu’un « partenariat exigeait la confiance entre les deux parties et je ne serais pas ici aujourd’hui si nous n’avions pas l’impression qu’une bonne confiance avait été établie entre les deux parties à la suite de trois mois de discussions ».
Les bénéfices dorénavant répartis à 50-50
En plus du versement des 300 millions de dollars au Trésor tanzanien, Barrick propose à Dodoma de mettre en place un groupe de travail bipartite qui aura pour mission de résoudre les questions en suspens concernant les réclamations fiscales et notamment les modalités de paiement. Cet accord pourrait également accoucher d’une nouvelle entreprise d’exploitation tanzanienne qui héritera de la gestion des trois principales mines d’Acacia Mining dans le pays.
Une entreprise qui comptera le gouvernement tanzanien dans son tour de table. Ce dernier pourra participer aux décisions touchant les opérations, les investissements, la planification, les achats et le marketing de la nouvelle structure dont la forme juridique exacte n’a pas encore été dévoilée. Les bénéfices devraient être partagés équitablement entre la nouvelle entreprise et l’Etat, la part attribuée au gouvernement devrait être reversée sous forme de redevances, d’impôts et d’une participation de 16% dans les opérations tanzaniennes d’Acacia.
Barrick multiplie les concessions
La brouille entre Dodoma et l’opérateur minier remonte à juillet dernier, après que la Présidence tanzanienne ait imposé une amende record de 190 milliards de dollars à Acacia Mining, détenue à 64% par Barrick. Une décision justifiée par les autorités par des accusations de sous-déclaration de revenus d’exportation par Acacia entre 2000-2017. En réaction, le groupe a stoppé la production dans le site de Bulyanhulu en septembre dernier, ce qui devrait faire baisser la productivité du site de 17% au niveau annuel.
Bien que l’accord n’a pas encore été ratifié par les deux parties, tant Barrick comme Dodoma se sont montré assez réceptifs sur la question. Les deux parties se sont par ailleurs déclarées d’accord sur la présence de représentants de l’Etat au conseil d’administration de l’entreprise et dans chaque mine, Acacia a accepté d’embaucher du personnel local et à plein temps. Le siège de cette dernière sera situé à Mwanza en Tanzanie. La filiale de Barrick a également accepté de garder les fonds générés par les mines dans des comptes à l’intérieur du pays.
Magufuli victorieux ?
L’objectif pour Dodoma est d’utiliser les fonds versés par Acacia dans le financement de projets d’infrastructures. Cette offensive de Magufuli contre les opérateurs miniers vise à rénover l’industrie des ressources naturelles de manière à améliorer la part des revenus issus des matières premières reversés aux caisses publiques. A terme cette réforme devrait permettre à Magufuli de financer son projet d’industrialisation de la sixième économie d’Afrique subsaharienne ou encore le chantier de modernisation des transports et services publics qui nécessiterons une enveloppe estimée à 19 milliards de dollars.
D’ailleurs, dans une déclaration publique le président Magufuli s’est félicité de l’avancement des négociations avec Barrick. « Cette nouvelle structure que Barrick a recommandée est un système pour le vingt et unième siècle, un partenariat 50-50 et un changement majeur dans la régulation des ressources naturelles, non seulement sur le continent africain, mais aussi dans le monde. Cela montre l’intention du gouvernement tanzanien, mais aussi l’intention de Barrick, maintenant nous nous apprêtons à ouvrir un nouveau chapitre qui permettre aux tanzaniens de ressentir les avantages de leurs mines », a précisé John Magufuli après sa rencontre avec Thornton.
Avec latribuneafrique