La filiale de Nestlé a lancé une nouvelle gamme de ses fameuses capsules de café, produit au Soudan du Sud, la troisième implantation de production de l’entreprise suisse en Afrique. En parallèle, ses premières boutiques ont ouvert au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Le point sur la stratégie africaine du torréfacteur.
En lançant en octobre dernier à paris, Suluja, son premier café en provenance du Soudan du Sud, Nespresso permet pour la première fois au pays d’exporter autre chose que des hydrocarbures depuis son indépendance acquise en 2011. Les volumes restent encore bien faibles, « une dizaine de tonnes par an pour l’instant », précise Arnaud Deschamps, le directeur général pour la France qui, dans l’immédiat, distribue en exclusivité le cru sud-soudanais.
400 producteurs en trois coopératives
Mais en relançant une filière moribonde après de longues années de conflits, la filiale du groupe Nestlé capitalise sur l’avenir. « Nous nous voyons comme des investisseurs sur le long terme, contribuant à la renaissance d’une culture traditionnelle dans le pays », reprend Arnaud Deschamps. Après avoir sillonné le pays pendant quatre ans, les experts de Nespresso ont jeté leur dévolu sur la région du Yei, non loin de la frontière avec la RD Congo.
En partenariat avec l’ONG TechnoServe, ils ont réussi à organiser près de 400 producteurs en trois coopératives capables de produire des cerises de café respectueuses des impératifs de qualité chers à la marque suisse. « Nous cherchons toujours à identifier de nouveaux cafés d’exception comme peut l’être le robusta sud-soudanais », explique depuis Lausanne, siège de l’entreprise, Jérôme Perez, responsable du développement durable.
Pour accompagner les caféiculteurs de la région, Nespresso a investi près de 3 millions d’euros et s’est appuyé sur son expertise acquise ailleurs, en matière de traitement de récoltes et d’entretien des arbustes. « Le matériel a été importé de Colombie où le secteur, basé également sur de petits exploitants, est très identique. Le café y a été vecteur de paix. Il peut en être de même au Soudan du Sud », espère Arnaud Deschamps.
Production annuelle de plusieurs centaines de tonnes d’ici dix ans
Une fois la filière remise en état de marche, Nespresso vise une production annuelle de plusieurs centaines de tonnes d’ici dix ans, grâce à un réseau de 15 000 producteurs. Une fois cueillies, les cerises vertes prennent la direction de l’Europe via le Kenya, où elles sont d’abord stockées dans le port d’Anvers avant de rejoindre la Suisse pour y être torréfiées puis conditionnées dans les fameuses dosettes, de couleur vert menthe dans le cas du Suluja.
Le Soudan du Sud est le troisième pays d’Afrique à retenir l’attention de Nespresso, après le Kenya et l’Ethiopie, où la marque est présente depuis dix ans et fait travailler plus de 8 000 fermiers. Le continent ne représente encore que 10 % des volumes de production de Nespresso dans le monde et aucune autre implantation n’est prévue dans l’immédiat.
« Nous voulons d’abord obtenir la classification AAA [programme de production de café de qualité lancé par l’entreprise en 2003 en partenariat avec l’ONG Rainforest Alliance] dans nos différents pays d’ici à 2020 », assure Arnaud Deschamps.
Si Nespresso a les yeux tournés vers l’Afrique orientale pour sa production, elle regarde davantage vers l’Ouest du continent pour la consommation de ses produits. En dehors du marché très particulier de l’Afrique du Sud et de ses grandes surfaces commerciales, la compagnie s’appuie sur des partenaires locaux en Égypte et au Maghreb pendant qu’elle a ouvert ses premières boutiques au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Ghana. « Avec des concepts identiques à ceux mis en place en Europe ou aux États-Unis, déclare Arnaud Deschamps. Notre présence est encore anecdotique mais le potentiel est réel ».
avec jeuneafrique