Les crypto-monnaies, dont la plus connue est le bitcoin, et les technologies qui les sous-tendent promettent de révolutionner les transactions financières.
Elles bouleversent aussi les rapports traditionnels entre trois acteurs: les startups, le capital-risque et les banques traditionnelles.
De janvier à juillet, des entreprises high tech ont ainsi levé environ 1,1 milliard de dollars à travers 89 émissions de monnaies digitales.
C’est près de 10 fois plus que les montants collectés par ce biais sur l’ensemble de 2016, montrent des données réunies pour Reuters par le cabinet d’analyse spécialisé sur les crypto-monnaies Smith + Crown.
Les banques traditionnelles ont pour l’instant peu ou pas mis le pied dans ce type d’échanges financiers et de levées de fonds. L’avocat Luka Müller-Studer, spécialiste des transactions en crypto-monnaies, a une explication sociale toute simple:
“C’est qu’elles ont un conflit d’intérêts. Elles devraient complètement revoir leur fonctionnement et licencier à tour de bras”, justifie l’avocat dans les colonnes du Temps.
Les transactions restent à ce jour le fait d’initiés capables de prendre un risque en faisant confiance à la technologie dans un environnement peu voire non régulé.
Mais le phénomène pourrait se normaliser vu le potentiel financier qu’il suscite.
“Quand une start-up peut lever 35 millions de dollars en 30 secondes sans aucune dilution, le génie est sorti de la bouteille et plus rien ne pourra l’y faire rentrer“, a indiqué Jamie Burke, président-fondateur de la firme de capital-risque Outlier Ventures, spécialisée dans la blockchain et d’autres investissements hightech, à Reuters.
Il fait référence à Brace, une start-up qui a développé un navigateur internet bloquant les publicités sous logiciel libre et émis son Basic Attention Token en juin.
Les motifs d’émission de crypto-monnaies par des startups dépassent d’ailleurs le seul objectif du financement. Elles cherchent aussi par ce biais à fédérer une large communauté d’investisseurs enthousiastes qui contribueront au développement de leur projet et valoriseront ainsi leur investissement.
Le richissime boxeur Floyd Mayweather Jr a ainsi promu au début du mois une ICO pour la startup Stox.com qui a levé par ce biais 33 millions de dollars.
Un succès qui dépend de la confiance
En 1999, on n’imaginait pas donner ses coordonnées bancaires sur Internet. Aujourd’hui, elles sont stockées dans nos téléphones.
Les crypto-monnaies en sont à ce stade: leur adoption ne dépendra pas que du souffle financier qu’elles promettent mais aussi du niveau de confiance que leur accordent les investisseurs et startups par rapport aux acteurs traditionnels
En effet, le Bitcoin et autres Ether reposent sur la technologie blockchain dont la particularité est qu’elle est fondée sur un réseau de serveurs et opère sans la supervision d’un organe central de contrôle.
“Dans le système bancaire, c’est la confiance qui compte. A l’origine, cette dernière venait du coffre-fort, puis d’un système informatique, d’un bilan et de la réglementation de la juridiction dans laquelle la banque est active. Désormais, c’est la technologie qui sera le garant de la confiance“, détaille Luka Müller-Studer.
En attendant, les levées de fonds en monnaies digitales (initial call offerings ou ICOs) des startups spécialisées dans la blockchain ont déjà dépassé les apports en capitaux reçus des capital-risqueurs, qui ont investi 300 millions de dollars dans le secteur sur les six premiers mois de l’année, selon des données de Coindesk.
Mais il ne faut pas se tromper: c’est une goutte d’eau dans leur océan. Les fonds de capital-risque ont investi 19,3 milliards de dollars dans des startups hightech sur les six premiers mois de l’année, montrent des données de cabinet de consultants PwC et de la société d’études CB Insights.
Avec businesinsider